dimanche 2 novembre 2014

Et si le transport du futur était... l'Autocar ? #7

Emmanuel Macron, ministre de l'économie, a présenté les grands traits de son projet de loi pour la croissance; on attendait des mesures emblématiques, des réformes importantes: une des principales annonces concerne pourtant le transport en... autocar: décryptage !


Le saviez-vous ? Le transport en autocar est sous-utilisé en France: avec quelques 100.000 passagers par an, nous sommes bien loin de l'Allemagne ou encore du Royaume-Uni ou 30 millions de britanniques utilisent ce mode de transport chaque année !

En effet, la législation française en la matière est très restrictive et c'est à elle que le ministre français de l'économie compte bien s'attaquer.
Si l'on laisse de côté les lignes de transport urbaines, rurales, scolaires ou encore l'utilisation de ce mode de transport pour des voyages occasionnels (sortie scolaire...), il est aujourd'hui presque impossible de faire rouler un autocar en France sur des trajets de longue distance.

Une directive Européenne comme point de départ

Une loi décidée au niveau européen en 2011 est venue apporter un peu de souplesse en autorisant les voyageurs à prendre le car entre deux villes françaises...si la destination finale se trouve à l'étranger.
Vous ne pouvez pas par exemple réaliser un trajet Paris-Lyon en autobus que si la liaison est en réalité effectuée entre Paris et Turin par exemple. De plus, le nombre de passagers autorisés à bénéficier de cette mesure ne doit pas excéder 50% de la capacité de l'autocar et du chiffre d'affaires réalisé: c'est ce qu'on appelle le "cabotage".
Cette loi adoptée au niveau Européen va donc dans le bon sens mais le marché demeure extrêmement rigide.

L'exemple de l'Allemagne

Une réforme du marché des autocars a été menée en 2013 Outre-Rhin et les résultats sont plutôt probants: le nombre de voyageurs sur les lignes a augmenté de 180% par rapport à 2012 avec 8,2 millions de passagers sur l'année.
On constate que cette libéralisation a permis à une partie de la population peut-être plus modeste de se déplacer dans le pays grâce notamment à une baisse sensible des prix.

Des idées reçues

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les sociétés de car innovent avec désormais des modèles d'autobus modernes (Wifi, tablettes tactiles, confort). Certes ce n'est pas encore le cas sur tous mais le potentiel est là et les compagnies ne vont pas se priver d'un marché français très prometteur.
De plus, l'autocar est et reste le moyen de transport le plus sûr et le moins polluant du fait de réglementations européennes très strictes; en pleine capacité, un autobus remplace près de 30 voitures !

Si l'on a pu être bien surpris quand Emmanuel Macron a annoncé cette mesure, il s'avère que les effets engendrés pourraient être très intéressants.
En terme d'emplois bien sûr avec un marché plus ouvert à la concurrence qui générerait jusqu'à 16.000 nouveaux postes d'ici à 2020 mais également en terme de pouvoir d'achat pour les français qui auraient de nouvelles possibilités de se déplacer avec des tarifs plus attractifs.

Enfin, au même titre que le covoiturage qui ne sera pas directement concurrencé, le développement de ce mode de transport aura un impact moins négatif sur l'environnement tout en encourageant fortement les autres acteurs à se développer: la SNCF pourrait ainsi être la première concernée.
Si l'on n'échangera peut-être pas un voyage Paris-Lyon (2h par TGV), certaines liaisons plus vétustes pourraient être menacées.

On comprend bien que à partir d'une simple décision retranscrite dans le droit par une loi, des effets jusqu'à alors insoupçonnés pourraient intervenir. On parle bien de simplification et la piste mérite d'être étudiée.



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