samedi 30 mai 2015

Faut-il prélever l'impôt sur le revenu à la source ? #23

Evoqué sous la présidence de Jacques Chirac, puis de Nicolas Sarkozy et dernièrement dans l'engagement n°14 du candidat et désormais président Francois Hollande, la simplification du prélèvement de l'impôt sur le revenu semble revenir au devant de la scène. 
Toujours envisagé, jamais appliqué, la donne a-t-elle changé ?


Depuis quelques jours, une nouvelle mesure fait son chemin au sein de l'exécutif et de la majorité actuelle ; soutenu par la motion A (défendant la politique de François Hollande) qui est sortie en grand vainqueur du congrès du Parti Socialiste, le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu pourrait être une des dernières "réformes" du quinquennat.
La France en la matière fait figure d'exception: avec Singapour et la Suisse, elle est l'un des derniers pays de l'OCDE a ne pas avoir encore appliqué le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu quand ce dernier est en place depuis 1917 au Canada, 1925 en Allemagne ou encore 1943 aux Etats-Unis !

Source: PLF 2014, via le Parisien
De quoi parle-t-on ? Il me semble bon de faire un peu de pédagogie pour aborder le sujet.
En France, on distingue 3 types de prélèvements obligatoires:
- Les impôts, qu'ils soient directs (Impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés...) ou indirects (TVA, droits de douane…)
- Les cotisations sociales, qui financent la sécurité sociale: elles sont salariales (pour passer du brut au net) ou patronales.
- Les taxes fiscales, versées contre la fourniture d'un service.

Le taux de prélèvement obligatoire en France est un des plus élevés des pays de l'OCDE puisque il aurait atteint 46,2% du PIB en 2013 (deuxième position derrière le Danemark).



On peut tout d'abord observer que 90% des recettes de l'Etat sont issues des recettes fiscales (voir ci-dessus).
Si l'on se concentre sur l'impôt sur le revenu qui va nous intéresser aujourd'hui, on constate que son poids dans l'économie est relativement faible (3% du PIB) par rapport à d'autres pays comme les Etats-Unis (10%) ou la Grande-Bretagne (13%).
Comme l'indiquait cette semaine l'ancien ministre Thierry Breton, 90% des français qui paient l'impôt ont un taux moyen qui s'élève entre 0 et 10% avec une moyenne à 5-6% et 70% des revenus de cet IR sont issus des 10% des contribuables aux revenus les plus élevés. Voilà pour la photo.

Qu'est ce que le prélèvement à la source ?

C'est un mode de recouvrement de l'impôt qui serait directement ponctionné par un tiers payeur (un employeur par exemple) au moment du versement des revenus.
La France est un des derniers pays à ne pas avoir appliqué ce système pour son impôt sur le revenu ; cependant, c'est déjà le cas pour la CSG, la CRDS ou encore les cotisations sociales (bien que ce ne soit pas un impôt) et qui sont directement prélevées sur votre bulletin de salaire. De ce fait, 73% des contribuables sont déjà mensualisés en France.

Si cela ne changera pas l'impôt sur le revenu que vous payez chaque année, c'est bien uniquement la modalité de prélèvement de celui-ci qui sera nouvelle: vous serez ainsi prélevé chaque mois directement sur votre salaire brut avec le seul ajout d'une ligne sur votre bulletin de salaire.
Cela a pour avantage de vous faire connaitre directement le revenu disponible et donc d'éviter cette "épargne de précaution" qui est chaque année constituée en vue du paiement annuel de l'impôt sur le revenu. En cas de baisse substantielle de votre revenu d'une année sur l'autre par exemple, la retenue à la source vous permet d'éviter ce décalage d'une année et ainsi de mieux ajuster le paiement de l'impôt en fonction du revenu perçu.

Dans la série des désavantages ou des complexités, plusieurs questions demeurent sans réponse:

- Comment mettre en place le dispositif ?
Prenons un exemple: nous sommes en 2015, vous payez votre impôt sur les revenus de l'année 2014. En janvier 2016, si le prélèvement à la source rentre en application, vous allez payer vos impôts directement sur vos revenus du mois: que fait-on des revenus 2015 qui n'auront pas été taxés ?
En clair, soit le contribuable se verra imposé deux fois la même année, soit l'Etat mettra en place ce que l'on appelle une année blanche, c'est à dire qu'il ne percevrait pas d'impôts cette année là. A l'heure de difficultés budgétaires, on imagine mal ce scénario se réaliser même si on avait estimé il y a quelques années que 25 à 30 milliards d'euros pourraient être ainsi injectés dans la consommation.
De plus, le système serait baisé car, un citoyen avisé sachant qu'il ne serait pas taxé sur ces revenus aurait facilement fait de chercher à les maximiser, à réaliser des plus-values n'ayant pas besoin de les déclarer. Le sujet est donc épineux.

- Pour quelle confidentialité ?
Vous l'aurez compris, la France fait figure d'exception dans bien des domaines et la fiscalité n'y échappe pas ! En matière d'impôt sur le revenu, le quotient familial est appliqué depuis 1945 en France et permet de diminuer ses impôts, de bénéficier de certaines aides sociales en fonction du nombre de personnes qui composent le foyer fiscal. Par exemple, un couple sans enfant dont les revenus seraient de 50.000€ par an devrait s'acquitter d'un impôt supérieur à celui d'un couple qui dispose des mêmes revenus mais avec deux enfants (et donc des parts fiscales supplémentaires). Le montant de l'impôt varie donc selon la composition du foyer fiscal, d'éventuels revenus complémentaires ou ceux du conjoint.
Si c'est l'administration fiscale qui jusqu'à présent connaissait ces informations, la mise en place d'un prélèvement à la source impliquerait que le tiers-payeur (et en l'occurence l'employeur) ait à sa disposition toutes ces informations puisqu'elles seraient renseignées sur le bulletin de paie pour calculer directement l'impôt. On peut donc imaginer que certains négociations (augmentations salariales) soient baisées de ce fait.

Une solution en vue ?

Il existe déjà une solution qui permettrait de répondre à ces questions et notamment celle relative à la confidentialité; elles ont été développées dans un rapport du conseil des prélèvements obligatoires établi en 2012 ; la solution est ce qu'on appelle le taux synthétique. Il s'agit pour l'administration fiscale, au lieu de laisser l'employeur procéder au calcul du montant de l'impôt, de directement lui indiquer un taux moyen d'imposition auquel serait assujetti le salarié: ainsi, il n'y aurait plus de problème de confidentialité puisque ce taux synthétique (ou taux moyen d'imposition) ne serait pas transparent, sur la composition du foyer fiscal et des revenus par exemple.
Concernant la mise en place du dispositif, la solution la plus probable demeure celle d'un lissage avec une entrée en vigueur progressive.

Voir plus large ?

Ce que l'on observe tout d'abord, c'est que cette mesure semble faire consensus dans la classe politique et chez les analystes, il faut donc s'en réjouir.
On peut néanmoins avec un peu de recul remarquer qu'il ne s'agit en aucun cas d'une réforme de fond, comme bien souvent malheureusement. En effet, quelle est aujourd'hui la priorité des français ? Est-elle de payer ses impôts différemment ou de moins en payer ?
Cette mesure pourrait être unanimement louée si elle était vraiment partie prenante d'une vision plus globale avec une réforme de la fiscalité en l'occurence !

Cette "réforme" s'inscrit donc dans la lignée de la modernisation de l'impôt sur le revenu qui est par exemple de plus en plus prélevé via une déclaration en ligne (36% de télédéclarants en 2014).
Ceci ne doit pas nous faire oublier que la fiscalité a besoin d'être réformée en France: l'impôt sur le revenu est à ce titre emblématique. Non seulement il rapporte très peu, mais il est payé par un petit nombre de personnes qui le vivent très mal: si l'on devait donner la définition d'un mauvais impôt, elle serait toute trouvée.
La logique de réduire l'assiette de l'impôt sur le revenu (de moins en moins de français le paient) tout en augmentant son taux est un non-sens absolu. Pourquoi ne pas imaginer faire payer l'impôt à tous les français, même avec un montant symbolique de 1€ ? En effet, il est difficile d'obtenir un consentement à l'impôt si ce dernier n'est payé que par moins de la moitié des foyers fiscaux.
La question principale est le sens que l'on veut donner à cet impôt: réalisons nous assez à quel point le système social français est l'un des plus généreux du monde ? Quand tout cela devient un dû, c'est que le sens de l'impôt tend à disparaitre et cela constitue une véritable bombe à retardement.
Le prélèvement à la source rend le paiement de l'impôt plus routinier, indolore, inaperçu et il peut contribuer à cette perte de sens: "Est-ce que l'on veut que les gens voient qu'ils paient l'impôt ou pas?" résumait ainsi Jean-Marc Daniel.

Avec un des taux de prélèvement obligatoire les plus élevés au monde, la France fait figure d'exception: exception quand il a été décidé de spolier les hauts revenus en les taxant à 75% avant de revenir sur cette décision idéologique, exception quand la fiscalité incite les entrepreneurs à aller développer leur business à l'étranger en n'encourageant pas la prise de risque, exception quand on affiche régulièrement l'ambition de taxer les revenus du capital à la même hauteur que les revenus du travail.
Je m'arrêterai peut-être sur cette dernière ; peu connue du "grand public", elle est assez révélatrice des non-sens économiques qui peuvent encore avoir lieu aujourd'hui: tout d'abord, le capital est un stock et le travail un flux : ils sont donc de nature différente. Ensuite, le capital (dans le sens de ressource) résulte d'une épargne et donc d'un travail déjà réalisé et taxé et ce système revient donc à une sur-taxation.
De plus, la fiscalité du capital quand elle est attractive permet de récompenser le risque: n'est ce pas normal de rémunérer l'entrepreneur qui va mettre toutes ses économies dans sa nouvelle entreprise en courant le risque de tout perdre ?

Le Ministre de l'Economie s'était à ce sujet montré comme à son habitude très lucide dans une récente interview à l'Usine Nouvelle:

"Nous avons une force : notre capacité entrepreneuriale et nos grands groupes. Ces derniers sont en train de partir, car notre politique fiscale leur est devenue inadaptée. C’est pour cela que je porte la tête haute notre réforme sur les actions de performance qui nous remet dans les standards européens. Sinon, vous n’aurez plus un comex en France, le directeur financier sera à Londres, le PDG à Hongkong… Seules resteront les façades du CAC 40, il n’y aura plus personne dans les bureaux. Et nous n’attirerons plus d’entreprises étrangères en France." Emmanuel MACRON

L'esprit d'entreprise qui est en train d'émerger de manière spectaculaire dans notre pays doit être encouragé: c'est le futur de notre pays ! La fiscalité ne doit donc plus être dissuasive mais juste. Le prélèvement à la source semble être une mesure cohérente, reste à savoir si elle ne sera pas utilisée à des fins électorales: la France ne peut plus attendre.

vendredi 22 mai 2015

Apprentissage, le bon remède ? #22

La question du chômage est brûlante en France. Années après années, aucun gouvernement ne semble avoir trouvé la solution. Faut-il se résigner ? François Mitterrand avait-il vu juste en déclarant en 1993: "Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé" ?



D'emblée je vais vous apporter la réponse: non le chômage n'a rien d'une fatalité ! Vous ne me croyez pas ? Laissez moi vous convaincre ! Vous êtes rassurés ? Continuons à dérouler l'histoire.
Il s'agit maintenant de la regarder avec lucidité et courage et vous l'aurez compris, ce ne sont pas les qualités que l'on prêterait instinctivement à nos gouvernants, spécialement sur ces questions.
Le fait est que le chômage en France peut revêtir un aspect volontaire ; il ne s'agit pas de provocation mais d'un constat partagé par de plus en plus d'analystes et d'économistes: oui, la France aurait une préférence pour le chômage !
Nicolas Bouzou expliquait dans une récente tribune que l'on "préfère supporter les inconvénients du chômage de masse plutôt qu’accepter les réformes qui permettraient de revenir au plein-emploi". Cette analyse se vérifie d'année en année avec une incapacité structurelle de nos gouvernements à prendre, non pas seulement des mesures conjoncturelles mais aussi des mesures structurelles visant à faire sauter durablement les freins à l'emploi: la loi Macron, le pacte de Responsabilité, le CICE vont certes dans le bon sens mais jamais cela ne remettra durablement la France sur le chemin de l'emploi, de la croissance, du bien-être des français et tout le monde le sait. 

Quels sont les maux français ?

Est-il possible d'identifier quels sont les maux dont souffre la France ? Ils peuvent être détaillés en quatre ensembles :
- Rupture et complexité : les entrepreneurs français expriment une peur d'embaucher à cause notamment de contraintes liées au contrat de travail (complexité, lourdeur administrative), à la difficulté de licencier: 70% d'entre eux se trouvent dans cette situation selon un sondage Opinion Way.
- Coût du travail : il est trop lourd en France où le coût horaire est globalement 10% plus élevé qu'en Allemagne; un niveau de charges patronales qui réduit le salaire net du travailleur et augmente celui que paye l'employeur. Si certaines politiques sont allées dans le bon sens (CICE..), il faudrait baisser massivement ce niveau de prélèvements. La question du SMIC mériterait elle-aussi d'être abordée puisque par son niveau relativement élevé pour les non-qualifiés constitue une barrière à l'entrée du marché du travail. Cela renvoie à la question plus large du contrat de travail.
- Formation professionnelle : elle a pour mérite de faire l'unanimité mais pas forcément pour des raisons très louables: les 32 milliards alloués à la formation professionnelle sont un gâchis considérable: ils sont très mal orientés (10% seulement bénéficient aux chômeurs) et loin d'être efficaces, particulièrement quand on considère les chiffres de l'emploi.
- Indemnités chômages : c'est un débat que le gouvernement a tenté d'ouvrir au début d'année: faut-il rendre ces allocations dégressives en fonction du temps ? La France a le vilain défaut de ne pas s'intéresser à ce qui se passe (et réussit) chez ses voisins: on touchera ainsi le chômage si l'on a travaillé 4 mois au cours des 28 derniers en France contre 1 an au cours des 24 derniers en Allemagne, où les indemnités sont plafonnées à 2215€ contre 6165€ ici. Des pistes intéressantes ?

L'alternance en solution ?

Vous comprendrez qu'après avoir dressé ces constats, difficile de croire qu'on ne peut rien faire pour améliorer la situation de l'emploi !
Un coup de marteau est venu enfoncer un peu plus l'enclume que représente l'échec de ces politiques d'emploi en France : en effet, la semaine dernière ont été publiées les entrées en apprentissage: elles ont plongé de 13,2% au premier trimestre par rapport à la même période en 2014.
Certes la fin d'année est plus susceptible de voir le nombre de contrats signés augmenter mais c'est un véritable signal d'alarme, d'autant plus que ces entrées sont en baisse depuis plusieurs années (-8% en 2013, -3% en 2014) et la perspective d'atteindre l'objectif du gouvernement (500.000 apprentis en 2017) semble bien lointaine.

Pourquoi parler de l'alternance ? Parce que le principal problème aujourd'hui est celui de la qualification, et les débats sur le projet de réforme du collège le montrent bien : au delà de 1,5 SMIC (le salaire moyen), le taux de chômage en France est de 5% soit presque le plein emploi !
Oui mais voilà, 10% à 15% des jeunes arrivent en 6ème sans savoir lire (on ne parle même pas des autres fondamentaux) et ils sont 150.000 à sortir chaque année du système scolaire…sans rien.
A cet égard, nul doute qu'il y a besoin de mener une réflexion sur l'école au sens large, pas seulement sur le collège: une étude du collège de France a montré que à la fin de la maternelle, on sait déjà à 80% quels sont les élèves qui vont lâcher plus tard. Dans cette perspective, l'alternance constitue la voie royale pour permettre à ces jeunes d'acquérir des compétences afin de pouvoir mieux intégrer le marché de l'emploi.

Une étude intéressante sur le sujet
L'institut Montaigne a récemment publié une étude intéressante sur ce sujet de l'apprentissage.
S'intéressant particulièrement au modèle allemand, il dresse ce triple constat :
- Il y a 3 fois plus d'apprentis en Allemagne qu'en France.
- Le coût d'un apprenti est 3 fois plus élevé en France qu'en Allemagne (9000€ contre 3000€).
- Le taux de chômage des jeunes est 3 fois moins important outre-Rhin: 7,5% contre 23,8 dans l'Hexagone.

Même si les deux systèmes sont différents, ces chiffres sont relativement marquants et comme le montre le graphique ci-dessus, il est intéressant de prêter attention aux pays qui montrent des résultats convaincants; dans ces derniers, le lien entre apprentissage et emploi des jeunes semble bien établi.
Parmi les raisons du "succès" de l'apprentissage en Allemagne, Bertrand Martinot qui a conduit cette étude identifie plusieurs raisons : un système scolaire qui oriente les jeunes vers la voie professionnelle dès l'âge de 12 ans, une organisation plus claire, efficace en Allemagne avec une meilleur coopération entre acteurs.
C'est donc sans surprise que l'économiste encourage un changement en France avec des filières de pré-apprentissage dès le collège, une plus grande importance donnée aux régions et des contraintes juridiques allégées. C'est ainsi que Jean-Claude Bourrelier (PDG de Bricorama) déclarait également:  "Ainsi, non content d'augmenter chaque année les impôts, le gouvernement finit de démotiver les chefs d'entreprises avec des tracasseries administratives qui frisent la démence."

Des blocages à l'apprentissage

En France, les blocages sont plus larges et l'on peut dire que l'apprentissage est en crise: il souffre d'un problème de reconnaissance, étant considéré comme une "voie de garage" quand il est plus valorisé, au même titre que les métiers manuels en Allemagne où il représente un véritable accès à l'emploi. L'exemple de Jürgen Schrempp ancien patron de Daimler ayant commencé en tant que mécano-technicien est à ce titre assez emblématique. 
Outre ce problème culturel, il existe encore aujourd'hui une opposition entre l'école et l'entreprise, deux mondes qui n'arrivent pas à communiquer; trop de préjugés sont encore présents et l'entreprise qui est au coeur de l'économie (qui créé les emplois, la richesse, la croissance?) est souvent décriée. Un dispositif récent comme les emplois aidés développé par Francois Hollande et consistant à subventionner un emploi représente ainsi une concurrence indirecte aux contrats d'apprentissage.
Enfin, c'est aussi la responsabilité du chef d'entreprise de s'engager dans ce processus, de manière financière parce qu'il se peut que l'investissement (d'un apprenti) ne soit pas rentable mais également humainement pour former un jeune afin d'en faire un excellent collaborateur.

Il est malheureux que l'apprentissage au même titre que les politiques d'emploi soit aujourd'hui pris en otage dans des considérations politiques. On parle plus d'inverser la courbe du chômage, de commencer a avoir une ébauche de croissance, de respecter les règles de déficit pour lesquelles l'on s'est engagé que de vraiment prendre des initiatives afin d'améliorer durablement une situation plus qu'instable: on se bat sur des mots, les actions elles manquent.

Revaloriser ces métiers, les considérer comme une voie normale et non pas une voie d'excellence comme on peut souvent l'entendre dans les médias, appliquer une vraie stratégie, vision autour de cette thématique plutôt que de simplement ajuster des budgets en faisant comme si la question avait été réglée : voilà la démarche à suivre !
Une étude américaine a estimé que, d'ici 20 ans, 47% de nos métiers seront remplacés par des robots ou par une forme d'automatisation. Si l'on ajoute à cela la révolution numérique que nous sommes en train de vivre avec l'explosion du Big Data, ajuster les qualifications, nos capacités pour répondre aux besoins de l'économie et aux emplois de demain sera une nécessité. Les challenges sont énormes.

L'apprentissage sera-t-il la solution à tout cela ? Certainement pas totalement mais il contribuera largement à ajuster, à équilibrer "l'offre et la demande".
Encourager l'apprentissage, c'est donner une chance à tous quand l'école de la République est aujourd'hui championne des inégalités scolaires, c'est dire à la jeunesse que l'on croit en elle et qu'on lui fait confiance. A ce titre, le dernier ouvrage de Philippe Dessertine a vu juste : "En tout espoir de cause, le monde de demain a déjà commencé".


Note: Apprentissage ou Alternance ?
En réalité, ces notions recouvrent une même réalité: on parle d'apprentissage en général et l'on identifie deux types de contrat : le contrat d'apprentissage et le contrat de professionnalisation. Le premier relève de la formation initiale tandis que le second se déroule dans le cadre d'une formation continue. Les autres différences relèvent de considérations plus techniques.

vendredi 8 mai 2015

McDonald's, l'heure de vérité #21

Si pendant longtemps c'est la qualité de ce que l'on pouvait retrouver dans son assiette qui avait de quoi inquiéter chez McDonald's, c'est désormais la stratégie globale du groupe qui pose question: des résultats financiers décevants, l'enseigne américaine vit un moment clé de son histoire.


Avec une création qui remonte aux années 1950, McDonald's peut-être qualifié de pionnier de la restauration rapide. A l'origine, deux frères Maurice et Richard ouvrent une petite enseigne de restauration rapide aux Etats-Unis où l'on trouve au menu des pizzas, du poulet mais aussi des hamburgers ! Ces derniers (inventés à Hambourg, en Allemagne) étant les plus vendus, les deux gérants décident de concentrer leur activité sur ces deux produits, développant année après année un réseau de franchise.
Franchise ? Voilà bien un mot important dans l'univers du commerce et spécialement du fast-food: il s'agit d'un contrat par lequel un commerçant (le franchiseur) concède à un autre commerçant (franchisé) le droit d'usage d'une marque et d'un savoir faire. Bénéficiant de l'image du franchiseur (McDonald's, Quick,…), le franchisé paie un droit d'entrée ainsi que des redevances (Royalties) la plupart du temps calculées sur le chiffre d'affaires réalisé.

McDonald's s'est développé et imposé toutes ces années durant en leader incontesté de la restauration rapide et il a construit son succès autour du Hamburger: "nous faisons des Hamburgers et nous les faisons bien" comme indiquait cette campagne de communication menée au début des années 2000.
Le Big Mac, qu'il vend à plus de 29 unités par seconde dans le monde est devenu le véritable emblème de la marque au grand M. Il existe même depuis 1986 un "Indice Big Mac" édité par le magazine britannique "The Economist" et qui permet de comparer le prix du Big Mac à travers le monde, un Benchmark incroyable et facile à obtenir !
Vous y apprendrez que le Big Mac le plus cher se trouve en Suisse ($7,54) et le moins cher en Ukraine ($1,20) avec les Etats-Unis ($4,79) et la Zone Euro ($3,68) se situant entre deux.

Difficultés financières


Steve Easterbrook,
nouveau PDG
Oui mais voilà, l'empire McDonald's qui semblait intouchable toutes ces années a vécu un début d'année que l'on pourra qualifier de tumultueux. 
C'est le 23 Janvier que tout commence avec la publication des résultats annuels de la marque: un bénéfice sur l'exercice 2014 qui s'élève à 4,76 milliards de dollars (soit un recul de 15%) et un chiffre d'affaires qui se contracte de 2,3%.
Il n'en fallait pas plus pour que l'entreprise basée dans la banlieue de Chicago annonce quelques jours plus tard qu'elle se sépare de son PDG Don Thompson; il sera remplacé dès le 1er Mars par celui qui gérait jusqu'à présent la division britannique de McDonald's Steve Easterbrook.
Plus récemment, ce dernier a annoncé cette semaine les résultats du premier trimestre en les qualifiant de "médiocres": chiffre d'affaires en recul de 2,6% et bénéfice qui chute de 32%, il y a le feu à la maison.

"La réalité est que notre récente performance a été mauvaise […] les chiffres ne mentent pas" Steve Easterbrook
Là ou le bât blesse

Mc Donald's qui réalise 40% de ses bénéfices aux Etats-Unis se retrouve en grande difficulté sur son territoire avec des ventes qui ont reculé de 2,6% au premier trimestre 2015.
La concurrence se fait en effet de plus en plus pressante avec notamment un de ses principaux compétiteurs, "Chipotle" dont le concept est basé sur la nourriture Mexicaine: ce dernier a vu ses ventes augmenter de 20,4% au 1er trimestre avec plus de 1.700 restaurants ouverts. Chose plutôt amusante, Chipotle était jusqu'à 2006 majoritairement détenu par…Mc Donald's !
La concurrence, au delà des traditionnels Subway, Burger King se concentre sur le secteur des fast-food de qualité avec des enseignes comme Shake Shack ou encore Five Guys qui, au delà de vendre les Hamburgers préférés de Barack Obama, va arriver en France très prochainement.
Aux Etats-Unis donc, McDonald's peine à convaincre: les américains sont à la recherche de produits de qualité, plus frais et l'image de la "malbouffe" poursuit la marque qui est d'ailleurs parmi les plus détestées des Americains selon un récent papier du 24/7 Wall St.
Au delà même du produit, les employés de McDonalds contestent leurs conditions de travail et notamment de salaires; après plusieurs manifestations, ils ont obtenu gain de cause et ont été revalorisés de 10%.

Le défi de l'adaptation

Avec une concurrence féroce, des habitudes alimentaires qui évoluent avec des consommateurs qui désirent connaitre ce qu'ils mangent et notamment depuis que de nouveaux scandales alimentaires ont été révélés ces dernières années, les enseignes de restauration rapide doivent s'adapter, se montrer à la hauteur de nouveaux défis.
McDonald's a été contraint à le faire depuis quelques années et notamment en France qui a toujours eu un temps d'avance avec la gouvernance audacieuse de Jean-Pierre Petit; ainsi, après son arrivée en France en 1979 avec une politique axée sur le burger, l'enseigne a introduit notamment des salades et autres fruits à partir de 2004 mais également les espaces McCafé à partir de 2007 et la McBaguette à partir de 2012. Seulement, à l'échelle internationale le géant MacDonald's reste bien lourd et peine à trouver le bon modèle, sans cesse tiraillé entre garder sa ligne traditionnelle ou au contraire se diversifier quitte à perdre un peu son identité.

Des mesures annoncées

Cette semaine, Steve Easterbrook a donc annoncé un changement de cap pour enfin ramener son entreprise sur la voie du succès afin de ramener les clients dans les magasins et l'argent dans les caisses.
Il a d'abord annoncé une réorganisation internationale des activités avec une désormais une division en 4 grandes zones (voir ci-contre).
Après le mot adaptation, c'est désormais l'efficacité qui sera centrale dans le déploiement de cette nouvelle stratégie.

Aujourd'hui sur ses 36.000 magasins à travers le monde, McDonald's en possède 19% en propre tandis que les 81% autres sont gérés par des franchisés: l'objectif affiché par le nouveau PDG est de passer de 81% de magasins franchisés à 90% d'ici 2018 se rapprochant ainsi de Burger King qui ne gère en propre que 1% de ses 7.300 enseignes aux USA. Cet objectif ne sera pas simple à atteindre car il faut débourser entre 1 et 2 millions de dollars pour acquérir une franchise McDonald's aux Etats-Unis, et compte tenu de l'évolution de l'activité globale, pas sûr que les candidats soient bien nombreux.
C'est également dans cette optique de rentabilité que McDonald's va fermer 700 de ses magasins, spécialement aux Etats-Unis et en Chine (mais pas en France).

La France, un marché particulier

En France, McDonald's a une place particulière, spécialement pour les jeunes dans une société où la gastronomie est très importante et où les fast-food "haut de gamme" ont tendance a être valorisés.
C'est dans cette optique que l'enseigne lance actuellement dans 4 grandes villes un nouveau Burger décliné en trois version et de signature McDonald's à un prix de 9,95€.
De la même façon, outre un service de livraison à domicile à New-York, McDonald's lance actuellement aux Etats-Unis un burger haut de gamme (le "Sirloin Third Pound Burger") avec un faux-filet de 140 grammes pour 5$ afin de contrer ses concurrents: cette expérience n'est pas la première puisque un burger similaire avait été mis sur le marché en 2009…sans grand succès !
En Hongrie, c'est un sac déchirable (le BagTray) qui est actuellement testé, ce concept pourrait rapidement être étendu à d'autres pays !

Du côté de l'Hexagone, McDonald's est au delà de ses burgers reconnu d'interêt public avec ses 72.000 collaborateurs; c'est le premier employeur de jeunes en France avec 9.000 postes créés entre 2012 et 2014 et autant à venir d'ici 2017.
Saviez-vous que McDonald's est le deuxième lieu le plus fréquenté par les jeunes français après l'école ?

On observe sur le marché français de la restauration des changements intéressants: aujourd'hui, 75% des restaurants traditionnels proposent au moins un burger sur leur carte et 3/4 de ces restaurants déclarent qu'il est devenu leur produit phare.
En 2013, 1 milliard de burgers ont été vendus en France et un français en a mangé en moyenne 14 plaçant l'Hexagone au deuxième rang en Europe après le Royaume-Uni (17 burgers/hab/an).
Une statistique intéressante encore: si dans les années 2000 on avait pour 1 burger vendu 9 sandwichs, la proportion est de seulement 1 pour 2 aujourd'hui ! Non pas que le sandwich soit en difficulté puisque 2,13 milliards d'unité ont été vendues en 2013 mais le burger a connu une ascension fulgurante avec des ventes multipliées par 13 sur cette période ! Heureusement, l'honneur est sauf puisque à lui seul, le jambon-beurre a été vendu à 1,2 milliard d'exemplaires en 2014.

McDonald's se trouve donc à un moment charnière de son histoire. Le plus grand dilemme est pour lui de choisir entre diversification et conservation de sa ligne traditionnelle. L'équation semble pour l'instant compliquée à résoudre et les investisseurs ne se montrent pas rassurés par les dernières mesures annoncées.
En effet, comment penser par exemple monter en gamme avec des produits personnalisés aux Etats-Unis par exemple tout en réduisant les temps d'attente des consommateurs, ce qui constitue une des priorités des clients américains ?
Une chose est certaine, l'ancien modèle McDonald's semble bel et bien derrière lui, il va devoir maintenant s'adapter à ses différents marchés afin de se réinventer et conquérir à nouveau le coeur des consommateurs: 300 millions de dollars d'économies par an sont prévues à l'horizon 2017, si Steve Easterbrook désire dépasser les 3 ans de longévité de son prédécesseur à la tête de l'empire McDonald's, il va devoir convaincre.
Il peut pour cela s'appuyer sur une des marques les plus puissantes de la planète.

vendredi 1 mai 2015

Rafale, cet avion que l'on s'arrache ! #20

François Hollande accompagné de Jean-Yves le Drian (ministre de la Défense), Laurent Fabius (ministre des Affaires Etrangères) ainsi qu'une large délégation française vont s'envoler ce lundi à Doha, et il ne s'agit pas d'une simple visite de courtoisie. Des avions sont à l'honneur.


C'est ce Jeudi que la bonne nouvelle a été confirmée, l'Elysée publie un communiqué sur son site internet annonçant que le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, émir du Qatar, "a confirmé son souhait de voir son pays acquérir 24 avions de combat Rafale". Bonne nouvelle ? Mais de quoi parle-t-on ?

L'avion Rafale qui se décline en 3 versions est un avion de combat français produit par l'avionneur Dassault et dont la conception remonte à la fin des années 80 avec le lancement du programme en 1988. Inauguré lors d'un vol d'essai en 1991, il s'agit d'un appareil polyvalent pouvant se lancer depuis une base terrestre ou un porte-avion; il peut réaliser tout type de missions, de la protection à l'attaque en passant par la reconnaissance, avec une capacité d'effectuer des frappes nucléaires.

Un avion qui ne décolle pas

Ce qui devait représenter la fierté de la France, l'emblème du pays n'a en réalité pas été une grande réussite durant des années. Au début du programme, l'armée française fixe à 286 le nombre d'appareils dont elle a besoin pour mener à bien ses opérations, espérant que les exportations allaient également suivre. Malheureusement, c'est un scénario catastrophe qui se dessine avec, d'un côté des échecs successifs avec des partenaires étrangers (Singapour, Brésil, Pays-Bas, Suisse) et de l'autre des difficultés financières pour le ministère de la défense qui ont entraîné des réductions dans les commandes. Ainsi, des 286 appareils initialement prévus par l'armée à horizon 2030 ne restent qu'une commande de 225 avions (soit une économie de 6 milliards €): à ce jour 141 ont été livrés.
C'est donc un double échec pour cet avion qui non seulement ne se vend pas auprès de nos partenaires -notamment en raison de son prix élevé- mais oblige également l'Etat français à dépenser beaucoup d'argent pour soutenir ce programme à prix fort puisque ce sont surtout les clients étrangers qui négocient un prix plus faible.

Avec ces commandes, les lignes d'assemblage devraient tourner jusqu'en 2019. L'avion est actuellement produit à 60% par Dassault, à 22% par Safran et à 18% par le motoriste Snemca ainsi que par environ 500 sous-traitants pour un total de 7000 personnes employées. Si l'Aquitaine est en première ligne puisque c'est là que sont assemblés les avions, les emplois sont répartis dans toute la France.

L'armée, un secteur affecté

Avant de continuer, plongeons nous quelques instants au plein coeur de l'Armée française.
La programmation du budget alloué à l'Armée est annoncée à travers une loi de programmation militaire (LPM) dont la dernière remonte à l'année 2013, et ce pour la période 2014-2019. L'objectif principal de cette dernière LPM était de maintenir les ambitions de la France en matière militaire tout en effectuant des économies importantes: 750 millions d'euros sur le budget et 34.000 suppressions d'emplois.

Vous n'êtes pas sans ignorer que la présence française dans les opérations extérieures (OPEX) est considérable avec près de 9.000 hommes engagés principalement en Afrique et au Moyen-Orient. Outre le fait qu'il apparaisse paradoxal d'annoncer d'un côté des réductions d'effectifs tout en voulant s'engager militairement sur d'autres terrains d'opération, ces Opex sont très coûteuses: le budget inscrit dans la LPM est d'environ 500 millions d'euros pour chacune de ces opérations quand leur coût réel est plus de deux fois supérieur.
C'est donc une difficulté financière palpable à laquelle fait face l'armée, le délégué général pour l'armement déclarait ainsi il y a tout juste un mois en commission des finances que le ministère de la Défense n'arrivait plus à payer ses fournisseurs et avait cessé les paiements en Octobre 2014.
La réalité du terrain est encore plus compliquée avec un matériel vieillissant, inadapté et largement insuffisant comme me le confiait récemment un militaire. La situation est donc tendue comme le déclarait le chef d'Etat major l'année dernière: "Il n'y a plus de gras dans nos armées, on attaque le muscle. C'est mon devoir de vous le dire" et cela a un impact sur le moral des troupes.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si on surnomme l'armée "La grande muette"; avec ce devoir de réserve auquel sont soumis les militaires et qui les transforme parfois, contre leur gré, en variables d'ajustement des économies budgétaires que le gouvernement doit réaliser.

Une actualité récente

Dernièrement, ce sont évidemment les attentats qui ont eu lieu en Janvier à Paris qui ont affecté le secteur de la Défense avec un déploiement sans précédent de militaires, 10.000 hommes et femmes au total mobilisés en 48h sur tout le pays. Une prouesse qui a pour objectif de protéger la population dans le cadre du plan vigipirate et de l'opération "Sentinelles" qui coûte 1 million d'euros par jour.
Cette semaine, François Hollande a également dû réaliser un arbitrage lors d'un conseil de Défense extraordinaire. Malgré les contraintes budgétaires importantes, il a décidé d'allouer une enveloppe supplémentaire de 3,8 milliards d'euros à l'Armée sur la période 2016-2018 pour faire face aux besoins urgents rencontrés. De la même manière, 18.500 des 34.000 emplois qui devaient initialement être supprimés vont être finalement sauvegardés.

La bonne nouvelle des rafales

D'après la dernière loi de programmation militaire, la France devait réussir à vendre 40 avions Rafale d'ici 2019 afin de ne pas mettre en danger les revenus du ministère. Ce n'était pas un mince objectif puisque l'avion n'avait jamais encore été vendu à l'export jusque là.
Il faut croire que le travail du ministère de la défense emmené par un Jean-Yves le Drian a porté ses fruits puisque depuis le début de l'année, pas moins de 3 contrats ont été conclus, après…30 ans de disette !

C'est l'Egypte qui a débloqué le compteur en commandant 24 avions en début d'année suivie par l'Inde qui a annoncé une commande de 36 rafales (avant des négociations ultérieures) et enfin le Qatar cette semaine qui a annoncé un accord autour de 24 appareils pour un contrat de 6,4 milliards d'euros. Une réussite inouïe pour un avion qui est (forcément) présenté comme le meilleur du marché par le patron de Dassault Eric Trappier.
Liée aux besoins respectifs de ces pays, la réussite actuelle du Rafale est aussi due aux bonnes relations diplomatiques entretenues par ces nations avec la France par rapport à d'autres pays comme les Etats-Unis d'où provient le concurrent principal, Boeing avec ses modèles F-15, F-18, à la pugnacité de Jean-Yves le Drian qui a effectué pas moins d'une demi douzaine de déplacements au Qatar depuis le début de l'année. Enfin, le déclenchement du premier contrat avec l'Egypte aidé à convaincre les pays qui hésitaient encore à acquérir cet avion. Une histoire de confiance.

C'est donc une bonne nouvelle pour l'entreprise Dassault Aviation, pour le ministère de la Défense et la France en général: on estime ainsi que plusieurs milliers d'emplois vont être créés dans les années à venir afin de doubler les capacités de production pour répondre à la demande; jusqu'à présent, seulement 11 avions par an étaient assemblés. On observera donc une activité Rafale jusqu'en 2065 puisque l'avion, qui sera livré jusqu'en 2025 a une durée de vie de 40 ans.

Avec également 50 hélicoptères en voie d'être vendus en Pologne et peut-être des perspectives pour le Rafale aux Emirats ou en Malaisie, c'est une année faste pour les exportations françaises d'armement qui devraient pour la première fois dépasser les achats de matériel. Avec un total de 12 à 18 milliards d'euros de contrats, la France se rapprocherait de la Russie qui occupe la deuxième place mondiale pour la vente d'armes, à 18 milliards d'euros loin derrière les Etats-Unis qui exportent plus de 60 milliards d'euros chaque année.

Pour la France, les chiffres des contrats, les retombées économiques arriveront plus tard mais ce n'est pas le plus important. Aujourd'hui on peut dire que l'on s'arrache le rafale, ce n'était pas gagné d'avance.