samedi 25 novembre 2017

Black Friday, et si nous disions "non" ? #41

Arrivant chaque année le lendemain de "Thanksgiving" qui est férié aux Etats-Unis, le "Black Friday" bat son plein avec des images impressionnantes de consommateurs se ruant dans les magasins pour y trouver des produits à prix cassés. Et si nous disions "non" à cette fuite en avant consumériste ?


Le "Black Friday" est une institution, un symbole aux Etats-Unis. Et pour cause, 3,3 milliards de dollars y ont été dépensés en ligne en 2016, chiffre qui atteint 50,9 milliards de dollars si l'on inclut le weekend qui suit, jusqu'au "Cyber Monday". Les chiffres de cette année devraient être encore plus impressionnants ! Pour ceux qui ne se rendraient pas compte, les images parlent d'elles-mêmes. 
En Chine, l'équivalent de cette journée s'est déroulé le 11 novembre, et force est de constater que les chinois ne jouent pas dans la même catégorie. Lors de cette "fête des célibataires", le géant du web Alibaba, encore méconnu en France, a réalisé 25,3 milliards de dollars de chiffre d'affaires en...24h !

Pourquoi cette fête dérange

Importée directement des Etats-Unis, le "Black Friday" est également présent en France sur la devanture de la plupart des boutiques et dans les centres commerciaux. 
Une occasion de plus pour attirer des clients exigeants avec une forte sensibilité aux prix. Mais quelque chose sonne faux dans cette fête, et si nous disions "non" ?

Partisan d'une économie libérale, d'un capitalisme entrepreneurial, je constate tout d'abord que ces évènements amplifient l'asymétrie entre grandes entreprises et petits commerçants, artisans. Amazon aura bien évidemment les moyens de faire de cette fête une réussite commerciale, quand le commerçant pourra se sentir obligé, par imitation et par pression concurrentielle, à faire de même sans en avoir forcément les moyens et l'envie. Quand la boulangerie chez qui je vais acheter mon pain ce matin propose une réduction spéciale "Black Friday Week" pour un achat d'un cornet de frites, ne touche-t-on pas le fond ? Est-ce que l'on a vraiment envie de s'identifier à cette culture ?

Cette année en France, dans cette frénésie consommatrice, un acteur est particulièrement sorti du lot. En effet, la Camif, spécialiste de l'équipement pour la maison, a décidé de fermer totalement son site de vente en ligne pour cette journée du Black Friday  :

"Le Black Friday, journée de consommation intensive importée des Etats-Unis, ne correspond pas aux valeurs de la Camif. Alors, en ce 24 novembre, nous fermons nos rayons et vous invitons, à l’instar de nos collabor’acteurs, à consommer autrement,à partager avec vos proches, tout simplement à ne pas acheter mais à donner."

La surconsommation nous coupe du réel

J'ai déjà eu l'occasion d'appeler à une responsabilité collective pour retrouver la valeur des choses. La consommation à outrance incarnée par ce Black Friday nous incite à ne pas être responsables : ô vous craquerez bien pour ces immanquables, ces destockages massifs ! 
Le consumérisme est le processus qui tend à nous réduire à des consommateurs, de telle façon que nous soyons plus concernés par nos achats que par notre rôle de citoyen. Nous nous déconnectons du réel pour vivre dans un monde virtuel où nos actes n'ont plus de conséquences ! 

Nous voyons bien d'ailleurs les effets de notre irresponsabilité sur l'environnement avec une planète que nous considérons bien souvent comme un simple consommable. La dette n'est pas seulement économique, mais bien également écologique ! 

Les mêmes maux touchent d'ailleurs la politique qui n'arrive plus à s'emparer du réel, qui préfère s'enfermer dans un entre-soi, une bulle où la contestation et la démocratie n'existent pas. Dire une chose et son contraire n'étonne d'ailleurs même plus.

Repenser notre rapport à l'écologie 

L'urgence est de nous replonger dans le réel, de retrouver le sens d'une consommation responsable. Tant que l'écologie, le rapport à l'environnement seront traités de manière idéologique, à des fins de communication comme lors des derniers sommets internationaux avec des accords très peu contraignants, nous ne gagnerons pas la bataille !
Il est d'ailleurs paradoxal d'observer qu'à l'heure où nous parlons de l'homme augmenté, principalement grâce à l'apport du numérique, l'homme se retrouve en réalité tiraillé, fragile et parfois irresponsable dans son rapport au réel, incapable de prendre soin de la nature qu'on lui a confiée. 

N'avons nous pas un problème ? Quelles sont nos priorités ? 



Des chantiers concrets

Selon le Centre Nation d'Information Indépendant sur les Déchets (CNIID), chaque français produit 354 kg d'ordures ménagères par an, et même plus si nous considérons les déchets professionnels avec un total de 13,8 tonnes par an et par habitant ! Nos achats ont bien sûr un impact sur les matières premières avec une consommation annuelle de 34 tonnes par français.

Le premier chantier est de développer le recyclage des déchets et leur élimination. Comme le dit l'adage, "le meilleur déchet est celui que l'on ne produit pas". Des initiatives comme celles de la ville de Lorient qui propose un ramassage des bio-déchets est à mettre en avant ! 

Le deuxième chantier à mener avec la grande distribution et les industriels, est de faire revenir en force la consigne des bouteilles, disparue dans les années 80 et par ailleurs très développée outre-Rhin. Outil de responsabilisation de l'ensemble des partie-prenantes, elle évite en outre de faire chauffer un four à 1500° pour obtenir à nouveau une bouteille...vide !

Pour finir, le danger est de tout attendre d'en haut, des pouvoirs publics pour être acteur. Notre responsabilité est de dire non au Black Friday, d'agir concrètement pour une consommation responsable ! 

C'est un message politique majeur que nous devons porter, la fuite en avant consumériste est l'apanage des progressistes. De notre côté nous croyons en l'homme et ses capacités, en sa conscience et en sa faculté à choisir le bien pour son environnement au sens large. 
C'est une lutte intérieure qu'il nous faut mener pour refuser la facilité et l'irresponsabilité au profit du temps long et de l'exigence du réel. 


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