dimanche 7 février 2016

Pour un social-libéralisme entrepreneurial ! #32

La France est à la croisée des chemins. Les mois, les années se suivent et se ressemblent et pendant que les politiques s'acharnent à ne pas réaliser les changements dont la société française a besoin (et qu'elle réclame), la croissance repart difficilement et l'emploi…stagne. La faute à une ligne politique et économique non assumée.

Macron, Valls : un social-libéralisme bien isolé
Les chiffres sortis il y a quelques jours par l'agence de notation Standard & Poor's auraient dû faire bondir les responsables politiques : de juillet 2013 à septembre 2015, la France a créé 57.000 emplois privés contre 482.000 pour l'Allemagne, 651.000 pour l'Espagne et même 288.000 pour l'Italie !
Ces chiffres à l'état brut démontrent une incapacité désormais chronique de notre pays à créer durablement de l'emploi. La France ne se décidera-t-elle jamais a faire les réformes structurelles dont elle a besoin ? Quand comprendra-t-on que tous les ingrédients sont réunis mais que la recette appliquée n'est pas la bonne ?

La France "pouf"

Sur l'année 2015, la France a réalisé 1,1% de croissance (contre 0,4% en 2014). Elle a bien été aidée par des facteurs exogènes plus qu'exceptionnels avec un pétrole qui tourne désormais autour des $30, des taux d'emprunts proches de zéro et même négatifs jusqu'à 6 ans et une baisse significative de l'euro. Ce sont à la fois des bonnes et des mauvaises nouvelles : bonnes d'abord parce qu'elles contribuent à alléger la facture payée par la France sur sa dette (taux faibles), sur son pétrole et à favoriser les exportations (baisse de l'Euro) : l'Insee a estimé que ces trois facteurs étaient responsables pour 0,8% de la croissance française de 2015.
Si ces effets commencent à présent à s'estomper, il faut dire qu'ils n'ont pas incité notre pays à se réformer et c'est bien là la mauvaise nouvelle : si votre banquier vous concédait un prêt à taux zéro ou mieux vous versait de l'argent pour financer votre crédit immobilier, pourquoi n'en profiteriez vous pas ?

Oui mais voilà, l'économie de notre pays est désormais en mode "pouf" : vous savez, ce fauteuil dans lequel on est si bien, installé on ne bouge plus. Mais lorsqu'il s'agit de se relever, c'est bien plus compliqué. La France a une bonne capacité à absorber les chocs grâce notamment à son système social mais a d'autant plus de difficultés à repartir par rapport à d'autres pays comme l'ont montrés les chiffres du chômage. Outre une préférence française bien connue pour le chômage, Eric le Boucher parlait également dans les Echos d'une préférence pour le non-emploi et la non-croissance.
Les mesures prises ces dernières années sur le front de l'emploi sont totalement déconnectées des enjeux que représentent ce scandale du chômage contre lequel on peine à s'indigner aujourd'hui : quand on vous parle de préférence française pour le chômage...

Devant les échecs successifs des différents gouvernements et face au discrédit qu'ils suscitent, on peut légitimement se poser la question de savoir par quelle voie la France va-t-elle sortir de ce marasme dans lequel elle est plongée malgré elle. Oui car il s'agit selon moi d'une erreur de lecture, d'un problème de logiciel périmé qui ne sait plus lire les signes des temps présents.
La France ressortirait grandie si elle entendait cette phrase de Tony Blair qui disait : "La gestion de l'économie n'est ni de gauche ni de droite, elle est bonne ou mauvaise". Les enquêtes d'opinion nous montrent en ce sens que les français sont bien plus matures et enclins au changement que l'on ne voudrait le croire.

Emmanuel Macron, ce ministre qui redore l'image de la France à l'international…et pas que ! 





Aujourd'hui, l'économie est marquée par deux idéologies : celle de gauche qui prône l'égalitarisme à tout bout de champ sans bien que l'on comprenne d'ailleurs ce qu'il représente aujourd'hui ni comment et pourquoi elle compte l'atteindre et celle de la droite qui n'ayant (presque) pas agi lorsqu'elle était au pouvoir se réveille avec des mesures pro-business dont l'amplitude est tellement grande qu'on se demande avec quelle crédibilité et quelle vision elles seront déployées.
Le gouvernement, élu sur un programme de gauche a délibérément changé son cap avec l'arrivée de Manuel Valls et d'Emmanuel Macron au ministère de l'économie : ainsi émerge ce que l'on appelle un social-libéralisme qui n'est pour l'instant guère assumé car pris en étau entre une majorité gouvernementale qui en conteste l'orientation et des français qui contestent les résultats notamment sur le front de l'emploi.
Cette ligne politique présente deux mérites : celui d'aller dans le bon sens même si la réalité ne le démontre pas toujours et celui de bousculer le paysage politique français.

Une opportunité historique

Emmanuel Macron qui n'appartient à aucun parti, incarne avec le premier ministre cette ligne politique en même tant que le renouvellement de la classe politique dont il n'est pas directement issu.
Ayant un sens aigu des réalités, du changement de monde que nous vivons, de l'archaïsme de la vie politique et de certains verrous qui bloquent la société française, il apporte un regard neuf, volontariste et dynamique.
Il traduit pour moi deux mouvements de fond : tout d'abord le besoin de renouveler la vie politique française, sclérosée tout comme les syndicats par des partis qui ne sont plus que le reflet d'eux-mêmes, en perte de vitesse, d'idées et de courage pour faire avancer notre pays. Ensuite, l'émergence d'un consensus sur l'économie qui rassemble au delà des couleurs politiques : il n'est plus possible de traiter les questions économiques à coup de slogans, de promesses qui masquent une absence d'idées et de vision dont les derniers gouvernements se sont faits d'excellents illustrateurs.
Non le chômage ne se résoudra pas avec des subventions, des contrats aidés, des formations justifiées par la volonté de faire sortir des chômeurs des chiffres de Pôle Emploi ! Sinon ce qui nous guette sera l'affaiblissement durable de notre pays avec des mouvements de tension sociale exacerbés et un taux de chômage qui continuera à augmenter. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons ?
Ou peut-être voulons nous continuer sur la voie qui nous a conduit, sur les deux dernières années a apporter 39% des nouveaux emplois publics de la Zone Euro contre…2,7% des nouveaux emplois privés ?

Le social-libéralisme a véritablement une carte à jouer : la France a besoin d'un choc, mais surtout d'un choc de confiance pour redevenir ce surdoué qui s'ignore encore. Le choc des chiffres, des mesures emblématiques comme la fin des 35h d'un côté et le statut quo, la rupture avec le monde de l'entreprise avec l'erreur majeur de croire que l'on peut redistribuer de la richesse avant de l'avoir créée nous mèneront dans le mur.
Nous n'avons pas besoin de mesures au service d'une idéologie qui elle-même serait au service d'une (ré)élection en 2017. Comment croire en effet une personne qui des années durant a fait l'exact contraire de ce qu'elle vous promet désormais ?
Nous avons besoin d'une vision audacieuse, enjouée, réaliste de la société française et de sa capacité à  prendre la voie d'une renaissance qui sera déclinée en moyens et non pas l'inverse.











Le slogan de BFM Business "La France a tout pour réussir" marque bien ce virage que nous sommes en train d'amorcer, marqué par l'apparition de mouvements de la société civile convaincus qu'une France sans projet, sans ambition, sans courage est déjà une France morte, abattue. Ces mouvements sont au coeur du renouveau auquel nous aspirons.

L'entrepreneuriat comme valeur commune

A cet égard, il s'agit de trouver ce qui nous rassemble aujourd'hui, de réfléchir ensemble à ce projet et de faire de la pédagogie pour expliquer que, oui, le monde d'hier est bel et bien derrière nous et que celui de demain relève d'opportunités extraordinaires prêtes à être embrassées ; certes cela ne se fera pas sans difficultés comme nous le voyons aujourd'hui avec le conflit entre les taxis et Uber, mais une fois les règles posées et acceptées, il faut laisser le jeu se dérouler.
Pour cela il faut libérer les énergies et la figure de l'entrepreneur peut incarner cette ambition française. L'entrepreneur n'est pas seulement le chef d'entreprise ou celui qui va lancer sa startup, c'est vous, c'est moi, c'est chacun d'entre nous, citoyen française qui a en lui la capacité de créer, de participer, de penser le monde de demain.
Opposer le chef d'entreprise et le salarié, n'est-ce pas un combat révolu ? Vouloir appauvrir les riches plutôt que d'enrichir les pauvres, n'est-ce pas un non sens ? Vouloir imposer une idéologie déphasée par rapport à la réalité, n'est-ce pas un passage en force ?

Les français dans leur majorité sont prêts pour le changement. Si ce dernier doit être assumé, accompagné, il n'en reste pas moins qu'il ne se passera ni dans les extrêmes, ni dans le statut quo mais bel et bien dans une vision renouvelée de ce que doit être la France en 2016 : ambitieuse, attractive, conquérante, disruptive. Il faut aller plus loin, nous voulons un social-libéralisme qui ne soit ni de droite, ni de gauche, un social-libéralisme entrepreneurial à la française !