jeudi 16 avril 2015

Economie de demain: plongée dans l'inconnu #18

Plusieurs indicateurs laissent à penser que nous vivons, sur le plan économique, une période charnière de l'histoire: nous sommes bel et bien en train de rentrer dans un nouveau monde, sans trop savoir à quoi ce dernier ressemblera mais nous y rentrons.



Le premier élément structurant est cette mutation que nous sommes en train de vivre actuellement: on distingue généralement dans l'histoire deux révolutions industrielles, la première qui repose sur l'utilisation du charbon avec l'invention de la machine à vapeur, du chemin de fer (XVIIIème siècle) et la seconde qui date de la fin du XIXème siècle avec le pétrole et l'électricité.
Dès lors on peut se poser cette question: sommes-nous en train de vivre une troisième révolution du même ordre ? C'est en tout cas l'avis de l'économiste Jérémy Rifkin qui pense que nous nous dirigeons vers une nouvelle ère de croissance plus soutenable grâce à l'apparition et le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) ainsi que des nouvelles formes d'énergies renouvelables.
Pas besoin d'être un spécialiste de l'économie, des systèmes d'information pour remarquer que ces technologies sont en train de révolutionner nos vies, nos quotidiens. Une rupture.

La gestion de l'après crise

L'économie telle que nous la connaissons est marquée par des cycles: crise, récession, reprise, expansion.
Difficile de dire avec exactitude quand nous sommes sortis de la dernière crise financière qui a ébranlé le monde en 2008 avec comme épicentre les Etats-Unis.
Plus de 7 ans après le début de cette crise, il est difficile d'identifier une réelle reprise économique à l'échelle mondiale. Explications.

Le Fond Monétaire International (FMI) a récemment publié un rapport dans lequel il explique que les Etats-Unis et l'Europe seront les moteurs de la croissance en 2015.
Aux Etats-Unis d'abord, la croissance sera solide, à +3,5% cette année et c'est un bon signe pour l'économie mondiale. La Zone Euro devrait ressentir les effets de l'embellie américaine sous quelques moi.
Malgré une appréciation du dollar qui rend le pays moins compétitif, le chômage continue à baisser légèrement même si les américains peinent à voir de réels changements.

En Zone Euro, la croissance sera de +1,5% en 2015 selon le FMI: bien aidée par une politique accommodante de sa banque centrale (Quantitative Easing lancé cette année), l'économie Européenne profite également de la baisse importante de l'Euro et d'un prix faible du pétrole qui lui donnent une bouffée d'air. Il s'agit donc d'une amélioration puisque le PIB n'avait augmenté que de 0,9% en 2014 mais il peine à retrouver son niveau d'avant crise (+3% entre 2006 et 2007). La France est dans la même situation avec une croissance certes en augmentation mais encore très faible.

Dans le reste du monde, c'est le calme plat. La dynamique des fameux BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) semble mise à mal: la Chine qui nous avait habitué à des taux de croissance à deux chiffres devrait voir son PIB augmenter de 6% en moyenne dans les prochaines années, la Russie est à l'agonie et le Brésil en récession. Seule l'Inde semble sortir la tête de l'eau comme le montre son taux de croissance: en 2030, sa population sera supérieure à celle de la Chine, en 2050 on dit d'elle qu'elle sera la première puissance mondiale. Les repères sont bels et bien bouleversés.

Une croissance sans emploi

Si les perspectives de croissance à l'échelle mondiale sont maintenues à 3,5% pour 2015 (contre 5% avant la crise), le commerce mondial lui marque le pas et peine à retrouver des couleurs.
Surtout, ces amorcements de reprise économique ne se traduisent pas sur le marché de l'emploi: le taux de chômage était encore de 11,3% en Janvier dans la Zone Euro où près d'un jeune actif sur quatre est sans emploi. En France, on annonce une début de commencement de retournement de la courbe du chômage pour mi-2016: le temps est long.
Le mois dernier, la BCE a annoncé que le risque d'assister à une "Jobless recovery" (reprise sans emploi) était fort probable.

LE concept à la mode

Face à cette reprise qui ne revient pas, certains économistes se demandent si la croissance n'est pas un terme qui sera demain obsolète: et si le monde se construisait durablement sans croissance ?
C'est ce que l'on entend par le terme "stagnation séculaire" qui a été récemment remis sur le devant de la scène par un des économistes les plus influents aux Etats-Unis, Larry Summers. Retenez bien ce terme.
Il identifie plusieurs causes dont une croissance importante de la population couplée à une révolution technologique que nous avons évoqué au début de cet article avec des taux de croissance assez faibles: tous les éléments sont là et les institutions internationales commencent à prendre en compte cette perspective et le débat fait rage au sein des économistes: l'économie n'est pas une science exacte !

Des taux négatifs !

Vous l'aurez compris, rien ne semble plus fonctionner normalement dans l'économie mondialisée et nous sommes en train d'abandonner des schémas, des modèles qui perduraient depuis des années pour changer de paradigme.
Le dernier évènement incroyable demeure l'épilogue des taux négatifs: de part l'abondance de liquidités sur les marchés financiers en Zone Euro, les taux auxquels empruntent les Etats sont extrêmement faibles. Ainsi, la Suisse a pour la première fois emprunté à taux négatifs à 10 ans: les investisseurs perdent donc de l'argent en investissant dans la dette Suisse et d'autres pays comme l'Allemagne pourraient bientôt faire de même.
Cet argent facile touche peu à peu les particuliers avec des crédits immobiliers qui, bien qu'étant à taux fixes, sont également au plus bas: le taux d'emprunt est actuellement de 2,11% en moyenne contre plus de 3% en 2013 en France: achetez !
Au Danemark, un particulier a même récemment obtenu un crédit bancaire à taux négatif, à -0,0172%: du jamais vu !

L'économie de demain ne ressemblera plus à celle d'hier, ni même à celle d'aujourd'hui, les transformations sont impressionnantes et très rapides. L'économie se transforme, se numérise et il s'agit de s'adapter à tous ces changements afin de ne pas rester dans l'ancien monde. La France et l'Europe en général ont déjà beaucoup de retard par rapport aux Etat-Unis, attendant et regrettant le retour d'un monde qui n'existera plus.
Il ne faut pas nier que l'incertitude est grande et personne ne peut prédire à quoi ressemblera le monde demain, les phénomènes nouveaux que je décris dans cet article montrent bien à quel point nous sommes plongés dans l'inconnu: c'est fascinant.

C'est une période passionnante qui s'ouvre devant nous et il s'agit de l'embrasser: il suffit de regarder le succès de startups comme Blablacar -qui vient de racheter son concurrent allemand et qui s'inscrit dans le cadre plus large d'une économie de partage avec les Uber (partage de voiture), Airbnb (partage de logement)- pour s'en rendre compte !
Le "Crowdfunding" ou finance participative qui permet à chacun de participer financièrement à un projet qui lui tient à coeur via une plate-forme internet en est l'exemple parfait: 16,2 milliards de dollars ont ainsi été donnés, échangés, investis en 2014 soit une hausse de 167% par rapport à l'année d'avant.
Tout est dit je crois !


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