Il est de coutume en cette fin d'année de s'offrir des cadeaux: et bien figurez vous que la France en a reçu, et pas des moindres. Décryptage des évènements qui ont marqué la fin d'année 2014.
Vous l'aurez compris, un des principaux cadeaux de cette fin d'année est le pétrole. Mais de quoi parle-t-on ?
Le pétrole est donc une matière première, plus précisément une "huile minérale naturelle" qui après extraction et raffinage permet de produire des carburants comme le diesel, le kérosène ou encore le gazole. Si l'on entend souvent parler du baril de BRENT (1 Baril = 159 litres), c'est parce que il s'agit du pétrole de la mer du Nord qui s'échange sur les marchés européens par opposition au WTI qui lui est échangé aux Etats-Unis.
Le principal acteur de ce marché est l'OPEP, un cartel composé de 12 pays dont l'Arabie Saoudite, l'Iran, le Venezuela et qui produit près de 40% du pétrole mondial avec une influence assez importante notamment au niveau géopolitique.
La Russie demeure le premier pays producteur et les Etats-Unis complètent le podium avec la récente exploitation des gaz de Schiste qui, tout en modifiant de manière inquiétante l'écosystème permet aux américains de s'approcher de l'indépendance énergétique.
Des niveaux records atteints
Le baril de brut a atteint des niveaux records en cette fin d'année passant même sous la barre des $55. A titre d'indication, le baril de Brent était à $114 en Juin 2014, à son plus haut niveau de l'année avec une moyenne annuelle à 100$.
C'est donc une chute vertigineuse pour l'une des matières premières les plus importantes et stratégiques et les raisons sont multiples.
Premièrement, il s'agit d'une baisse du commerce mondial en cette année 2014 avec une croissance de 2,5% bien loin des 5% observés en moyenne sur les deux dernières décennies.
Ce ralentissement est dû aux difficultés des pays émergeants comme le Brésil, la Russie ou l'Inde et bien sûr aux baisses de prévision relatives à la Chine qui avance désormais sur un rythme de croissance annuel de 7,5% avec une demande moins soutenue et des chiffres de production plus faibles que prévus.
Cela entraine mécaniquement une baisse de la demande en matières premières et donc particulièrement pour le pétrole. La demande globale est donc trop faible et les signaux envoyés trop négatifs, d'où les contractions du marché.
De son côté l'offre continue a être très importante avec notamment l'arrivée des gaz de Schiste américains et le refus de l'OPEP de baisser son niveau de production.
On estime que le différentiel entre l'offre et la demande est de 6 millions de barils par jour: considérable, ce qui explique ce contre-choc pétrolier.
Quelles conséquences au niveau mondial ?
Comme nous profitons de la baisse de l'euro par rapport au dollar qui permet une augmentation des exportations françaises et européennes et un regain de compétitivité, la baisse du pétrole est bien évidemment une bonne nouvelle pour la plupart des économies et pour la France.
Du côté des pays producteurs, la baisse du prix du baril rend la rentabilité des exploitations très menacée. Le coût d'extraction du pétrole de Schiste est à $75 environ aux Etats-Unis et certains pays exportateurs ont même besoin d'un baril au dessus de $100 pour boucler leur budget.
Le Venezuela est ainsi proche du défaut de paiement et la Russie avec l'effondrement de sa monnaie se voit aussi en grande difficulté ayant basé son budget sur un baril à $100: de plus, 50% des recettes de l'Etat russe sont liées aux hydrocarbures.
Qu'en est-il concrètement ?
Vous l'aurez sans doute remarqué, les prix à la pompe ont sensiblement baissé en cette fin d'année et le Gazole est même localement passé sous le seuil des 1€.
Mais pourquoi les prix n'ont pas varié avec la même amplitude que ceux du cours du brut ?
Tout simplement parce que le prix du carburant en France est principalement composé de taxes (TVA, TICPE) et donc bien moins sensible aux évolutions du cours du brut; elles s'élèvent à 48,9% pour le Gazole et à 56,3% pour le Sans Plomb 95.
Compte tenu de l'importance de la baisse du prix du pétrole, il y a donc quand même un impact sur "les prix à la pompe" même si il est moins important.
Cependant, la situation risque d'évoluer puisque dès le 1er Janvier 2015, deux nouvelles taxes sur les carburants vont rentrer en application avec une hausse des prix de 4 centimes à la clé; elles visent à compenser l'abandon de l'écotaxe et participer à la taxe carbone.
Vraiment un cadeau ?
Au niveau mondial, le FMI a estimé que l'impact de la baisse du pétrole serait de +0,5 points sur la croissance mondiale.
En France, l'impact est également positif comme nous l'avons vu pour les consommateurs mais également pour les entreprises. On estime qu'avec un tel niveau du pétrole, on pourrait l'année prochaine redonner 15 milliards d'euros de marge aux entreprises françaises.
Déjà en 2014, la facture énergétique a pu baisser de manière sensible; pour le seul secteur de l'industrie, les gains s'élèvent à 2 milliards d'euros, soit plus que le CICE - le Crédit Impôt Compétitivité Emploi qui est la mesure phare du quinquennat en faveur des entreprises- sur la même période.
Avec la baisse de l'Euro par rapport au dollar -du fait de la politique accommodante de la Banque Centrale Européenne qui a laissé son taux directeur inchangé à 0,05%- qui permet de doper la compétitivité européenne et française et grâce à des taux d'intérêts historiquement bas (0,845% à 10 ans) qui permettent à la France de se financer à moindre coût en allégeant significativement le coût de la dette, le pétrole est donc le troisième cadeau dont profite l'économie française: avec un chômage et une dette qui continuent à augmenter, elle aurait tort de s'en priver.
Tous ces facteurs exogènes ont conduit l'INSEE à relever sa prévision de croissance pour le troisième trimestre à +0,3%: une bien bonne nouvelle à l'orée d'une année 2015 qui s'annonce agitée mais qui ne saurait nous faire oublier l'urgente nécessité de réformer notre pays.
Un chiffre: la dette de la France a cette année dépassé le seuil des 2.000 milliards d'euros (30.000€ par français) et atteint désormais 95,2% du PIB, de la richesse nationale donc.
Il arrivera un jour où le mur de la dette ne sera plus surmontable, ou la France ne sera plus en mesure de faire face à ses obligations et il sera alors trop tard pour réagir. Il serait irresponsable de penser que ce jour n'arrivera pas.
vendredi 26 décembre 2014
samedi 6 décembre 2014
Ne me dites plus jamais bon courage ! #11
Ce weekend, focus sur un livre passionnant que j'ai eu l'occasion de relire récemment. Un lexique anti-déprime que tout français devrait lire et…appliquer !
Du fameux "bon courage" avant d'aller au travail le matin au "c'était mieux avant" nostalgique en passant par toutes ces "petites" choses que nous faisons, l'auteur montre l'importance de ces expressions et leur impact sur la société: triste, le moral dans les chaussettes, peur de l'avenir, comptant le nombre d'heures le séparant du weekend, le nombre de jours des prochaines vacances et le nombre d'années de la retraite: le portrait robot du français moyen peut s'avérer…effrayant !
"Bon courage"
Dans les expressions qui m'ont marquées, je crois que celle-ci est tout à fait symptomatique.
Petit exercice pratique pour vous cher lecteur: essayez de compter le nombre de fois où vous avez prononcé ce fameux "Bon courage" à quelqu'un cette semaine. Vous vous rendrez vite compte que ce n'est pas négligeable !
Comme si une journée de travail n'était forcément que souffrance, comme si le travail était une telle contrainte qu'il fallut s'armer de courage pour chaque jour partir au combat et l'affronter, comme si il n'était désormais pas possible de passer une bonne journée sans avoir besoin de s'excuser auprès des autres, comme si souhaiter une "bonne journée" avec un sourire nous coûtait beaucoup plus !
"Le petit café, la petite cigarette"
Il s'agit du deuxième point développé dans le livre. N'avez vous jamais remarqué l'omniprésence de ce mot qui en opportuniste se glisse dans la moindre de nos phrases ?
On ne demande plus un service à quelqu'un mais un petit service, on va se faire un "petit resto" entre amis avant de passer une "petite soirée" sympathique…la liste pourrait être longue !
Manque d'ambition, peur d'une réalité qui ne nous conviendrait pas, repli sur soi-même: si l'on considère que ce que l'on dit reflète notre état d'esprit, il faudrait urgemment revoir l'utilisation ce ce petit adjectif qui parait si anodin à première vue !
L'avenir nous tend les bras
Je crois qu'il est bon de prendre conscience que le point de départ de toute chose, c'est d'abord et définitivement chacun d'entre nous !
Le français que je suis a souvent tendance à blâmer l'autre et à lui rejeter la responsabilité: le collègue, le patron, le président, l'Europe, la conjoncture, le temps: nous sommes champions de la discipline !
Mais qu'en est-il de la capacité de chacun d'entre nous à changer les choses ? Avons-nous tant perdu espoir que nous nous contentons de regarder la vie passer de manière passive ?
Et si nous commencions à bannir toutes ces expressions qui nous enferment dans une spirale négative (et dans laquelle nous semblons dangereusement nous complaire), à ne pas attendre le salut de personnes qui ne nous l'apporteront jamais, à croire en nos propres capacités et dans les incroyables ressources de la société française toute entière ?
Rêvons plus grand
L'audace, la créativité, l'ambition, l'émulation n'ont jamais tué personne: dès lors, pourquoi nous en priver ? Croyons-nous vraiment que demain sera meilleur, que l'avenir regorge d'opportunités fantastiques ? Sommes nous conscients que le regard que nous portons sur les évènements influe de manière importante sur la manière dont nous les vivons ?
Il ne s'agit pas de vivre dans une société idéaliste, ni d'occulter les réelles difficultés quand elles sont rencontrées. Mais entre les deux, n'y a-t-il pas un espace, un espace abyssal où chacun pourrait contribuer par des actes aussi simples qu'un "bonne journée" à réveiller le potentiel de toute une société ? C'est en tout cas, à la lumière de ce livre ma conviction !
Et si nous changions notre manière de penser et de…nous exprimer ! |
Du fameux "bon courage" avant d'aller au travail le matin au "c'était mieux avant" nostalgique en passant par toutes ces "petites" choses que nous faisons, l'auteur montre l'importance de ces expressions et leur impact sur la société: triste, le moral dans les chaussettes, peur de l'avenir, comptant le nombre d'heures le séparant du weekend, le nombre de jours des prochaines vacances et le nombre d'années de la retraite: le portrait robot du français moyen peut s'avérer…effrayant !
"Bon courage"
Dans les expressions qui m'ont marquées, je crois que celle-ci est tout à fait symptomatique.
Petit exercice pratique pour vous cher lecteur: essayez de compter le nombre de fois où vous avez prononcé ce fameux "Bon courage" à quelqu'un cette semaine. Vous vous rendrez vite compte que ce n'est pas négligeable !
Comme si une journée de travail n'était forcément que souffrance, comme si le travail était une telle contrainte qu'il fallut s'armer de courage pour chaque jour partir au combat et l'affronter, comme si il n'était désormais pas possible de passer une bonne journée sans avoir besoin de s'excuser auprès des autres, comme si souhaiter une "bonne journée" avec un sourire nous coûtait beaucoup plus !
"Le petit café, la petite cigarette"
Il s'agit du deuxième point développé dans le livre. N'avez vous jamais remarqué l'omniprésence de ce mot qui en opportuniste se glisse dans la moindre de nos phrases ?
On ne demande plus un service à quelqu'un mais un petit service, on va se faire un "petit resto" entre amis avant de passer une "petite soirée" sympathique…la liste pourrait être longue !
Manque d'ambition, peur d'une réalité qui ne nous conviendrait pas, repli sur soi-même: si l'on considère que ce que l'on dit reflète notre état d'esprit, il faudrait urgemment revoir l'utilisation ce ce petit adjectif qui parait si anodin à première vue !
L'avenir nous tend les bras
Je crois qu'il est bon de prendre conscience que le point de départ de toute chose, c'est d'abord et définitivement chacun d'entre nous !
Le français que je suis a souvent tendance à blâmer l'autre et à lui rejeter la responsabilité: le collègue, le patron, le président, l'Europe, la conjoncture, le temps: nous sommes champions de la discipline !
Mais qu'en est-il de la capacité de chacun d'entre nous à changer les choses ? Avons-nous tant perdu espoir que nous nous contentons de regarder la vie passer de manière passive ?
Et si nous commencions à bannir toutes ces expressions qui nous enferment dans une spirale négative (et dans laquelle nous semblons dangereusement nous complaire), à ne pas attendre le salut de personnes qui ne nous l'apporteront jamais, à croire en nos propres capacités et dans les incroyables ressources de la société française toute entière ?
Rêvons plus grand
L'audace, la créativité, l'ambition, l'émulation n'ont jamais tué personne: dès lors, pourquoi nous en priver ? Croyons-nous vraiment que demain sera meilleur, que l'avenir regorge d'opportunités fantastiques ? Sommes nous conscients que le regard que nous portons sur les évènements influe de manière importante sur la manière dont nous les vivons ?
Philippe Bloche disait encore cette semaine: "L'entrepreneur est quelqu'un qui a la capacité d'importer de l'angoisse et d'exporter de l'enthousiasme". Alors qu'attendons nous ?
Réveillons l'entrepreneur qui sommeille en chacun d'entre nous !
samedi 22 novembre 2014
Obama joue son va-tout sur l'immigration #10
Dans une intervention très attendue ce jeudi soir à la Maison Blanche, Barack Obama a frappé un grand coup en annonçant une des mesures phares de son deuxième mandat sur le terrain de l'immigration…quelques semaines après une défaite électorale majeure.
Le point de départ
Mais tout d'abord revenons quelques semaines en arrière, plus précisément le 4 Novembre et les premiers résultats des "mid-term elections"; il s'agit des élections de mi-mandat qui interviennent donc deux ans après la réélection de Barack Obama en Novembre 2012.
Cette élection visait à renouveler la totalité de la Chambre des Représentants et un tiers du Sénat qui sont les deux organes du pouvoir législatif. Le bilan est simple: les républicains (opposition) ont conforté leur contrôle sur la Chambre des Représentants avec désormais 243 Représentants sur 435 et remporté le Sénat en passant de 45 à 52 sénateurs (sur 100): une déroute pour les Démocrates et Obama.
Ces résultats sont de nature à compromettre définitivement les deux dernières années de la présidence de Barack Obama qui devient de plus en plus impopulaire malgré des indicateurs macro-économiques plutôt positifs et en amélioration: en effet, le taux de chômage a de nouveau baissé à 5,8% en Octobre et la croissance au troisième trimestre était de 3,5%, au delà des prévisions.
Même si les raisons sont diverses et que le rôle de la banque centrale américaine (FED) est déterminant, ces chiffres sont remarquables et bien au delà des performances des économies européennes.
Et pourtant, les américains ont clairement ici voulu sanctionner leur président ce qui est au passage souvent le cas pour des élections intermédiaires, même en France.
Sa réforme du système de santé (Obamacare), ses prises de position sur les interventions extérieures, le feuilleton du "Shutdown" rendent Barack Obama plutôt impopulaire (39% opinions favorables), les habitants ne ressentent pas les effets des ces améliorations dans leur quotidien.
Outre la classe moyenne, ce sont les populations issues de l'immigration- et dont on connait l'importance aux Etats-Unis- qui sont les plus désengagées, incroyablement déçues que la réforme du système d'immigration qui était une des grandes promesses de Barack Obama n'aie jamais vu le jour.
Barack is back ?
Barack Obama qui ne peut de toute façon pas se représenter en 2016 (ayant déjà réalisé deux mandats à la présidence des Etats-Unis) n'a plus beaucoup de cartouches pour aborder ces deux dernières années compte tenu de cette impopularité et surtout des deux chambres acquises aux Républicains.
Et alors ? Le président a déclaré ce mercredi dans une intervention très attendue qu'il avait l'intention de régulariser entre 4 et 5 millions de clandestins ! Pour rappel, on estime qu'il y a actuellement 11 millions d'immigrants sans papier sur le territoire américain.
Il a précisé qu'il ne s'agit pas de les naturaliser mais de rendre possible et légale leur présence sur le sol américain grâce notamment à des permis de travail temporaires (3 ans) qui pourront être délivrés si la personne est résidente depuis au moins cinq années et suivant d'autres conditions.
Dans son allocution, le président insiste: "Nous sommes et nous serons toujours une nation d'immigrants" en précisant qu'il s'agissait de travailleurs, de voisins dont "les enfants sont dans les mêmes écoles que nos enfants".
Puisque il n'a plus l'appui des chambres qui lui permettraient de passer par une loi votée, Barack Obama compte utiliser des décrets présidentiels ("Executive Order", équivalent de nos ordonnances) qui lui permettent de s'affranchir du processus législatif d'usage.
Bien sûr cette annonce a provoqué un tollé chez les républicains qui l'accusent d'agir "en monarque" en imposant cette mesure par la force.
Cette annonce vise donc à conquérir les millions d'américains issus de l'immigration en leur envoyant un message fort. C'est une manière pour Barack Obama de faire passer une mesure emblématique et ainsi de faciliter l'élection d'un candidat démocrate pour le prochain scrutin présidentiel: Hillary Clinton ou encore le vice-président Joe Biden qui pourraient être candidats apprécieront.
Mais c'est peut-être aussi un piège tendu aux Républicains qui n'ont jamais défini clairement leur position quant aux questions d'immigrations: le président leur donne l'occasion de le faire avec un risque de créer des tensions dans l'opposition.
Une chance pour certains, un cadeau empoisonné pour d'autres: cette réforme a tout pour faire parler d'elle. Une des dernières cordes à l'arc du premier président Afro-Américain des Etats-Unis.
Le point de départ
Mais tout d'abord revenons quelques semaines en arrière, plus précisément le 4 Novembre et les premiers résultats des "mid-term elections"; il s'agit des élections de mi-mandat qui interviennent donc deux ans après la réélection de Barack Obama en Novembre 2012.
Cette élection visait à renouveler la totalité de la Chambre des Représentants et un tiers du Sénat qui sont les deux organes du pouvoir législatif. Le bilan est simple: les républicains (opposition) ont conforté leur contrôle sur la Chambre des Représentants avec désormais 243 Représentants sur 435 et remporté le Sénat en passant de 45 à 52 sénateurs (sur 100): une déroute pour les Démocrates et Obama.
Ces résultats sont de nature à compromettre définitivement les deux dernières années de la présidence de Barack Obama qui devient de plus en plus impopulaire malgré des indicateurs macro-économiques plutôt positifs et en amélioration: en effet, le taux de chômage a de nouveau baissé à 5,8% en Octobre et la croissance au troisième trimestre était de 3,5%, au delà des prévisions.
Même si les raisons sont diverses et que le rôle de la banque centrale américaine (FED) est déterminant, ces chiffres sont remarquables et bien au delà des performances des économies européennes.
Et pourtant, les américains ont clairement ici voulu sanctionner leur président ce qui est au passage souvent le cas pour des élections intermédiaires, même en France.
Sa réforme du système de santé (Obamacare), ses prises de position sur les interventions extérieures, le feuilleton du "Shutdown" rendent Barack Obama plutôt impopulaire (39% opinions favorables), les habitants ne ressentent pas les effets des ces améliorations dans leur quotidien.
Outre la classe moyenne, ce sont les populations issues de l'immigration- et dont on connait l'importance aux Etats-Unis- qui sont les plus désengagées, incroyablement déçues que la réforme du système d'immigration qui était une des grandes promesses de Barack Obama n'aie jamais vu le jour.
Barack is back ?
Barack Obama qui ne peut de toute façon pas se représenter en 2016 (ayant déjà réalisé deux mandats à la présidence des Etats-Unis) n'a plus beaucoup de cartouches pour aborder ces deux dernières années compte tenu de cette impopularité et surtout des deux chambres acquises aux Républicains.
Et alors ? Le président a déclaré ce mercredi dans une intervention très attendue qu'il avait l'intention de régulariser entre 4 et 5 millions de clandestins ! Pour rappel, on estime qu'il y a actuellement 11 millions d'immigrants sans papier sur le territoire américain.
Il a précisé qu'il ne s'agit pas de les naturaliser mais de rendre possible et légale leur présence sur le sol américain grâce notamment à des permis de travail temporaires (3 ans) qui pourront être délivrés si la personne est résidente depuis au moins cinq années et suivant d'autres conditions.
Dans son allocution, le président insiste: "Nous sommes et nous serons toujours une nation d'immigrants" en précisant qu'il s'agissait de travailleurs, de voisins dont "les enfants sont dans les mêmes écoles que nos enfants".
Puisque il n'a plus l'appui des chambres qui lui permettraient de passer par une loi votée, Barack Obama compte utiliser des décrets présidentiels ("Executive Order", équivalent de nos ordonnances) qui lui permettent de s'affranchir du processus législatif d'usage.
Bien sûr cette annonce a provoqué un tollé chez les républicains qui l'accusent d'agir "en monarque" en imposant cette mesure par la force.
Cette annonce vise donc à conquérir les millions d'américains issus de l'immigration en leur envoyant un message fort. C'est une manière pour Barack Obama de faire passer une mesure emblématique et ainsi de faciliter l'élection d'un candidat démocrate pour le prochain scrutin présidentiel: Hillary Clinton ou encore le vice-président Joe Biden qui pourraient être candidats apprécieront.
Mais c'est peut-être aussi un piège tendu aux Républicains qui n'ont jamais défini clairement leur position quant aux questions d'immigrations: le président leur donne l'occasion de le faire avec un risque de créer des tensions dans l'opposition.
Une chance pour certains, un cadeau empoisonné pour d'autres: cette réforme a tout pour faire parler d'elle. Une des dernières cordes à l'arc du premier président Afro-Américain des Etats-Unis.
mercredi 12 novembre 2014
La Chine reprend les choses en main #9
Si la situation économique des Etats-Unis s'améliore de mois en mois (taux de chômage à 5,8% et croissance à 3,5%), il faut traverser le Pacifique pour trouver le pays dont tout le monde parle en ce moment. Le sommet de l'APEC qui s'est tenu cette semaine à Pékin marque le retour d'une Chine conquérante.
Une rencontre grandiose
Le sommet de l'APEC (coopération économique pour l'Asie pacifique) s'est tenu cette semaine à Pékin réunissant ses 21 pays membres. Si la Chine était bien sûr présente, l'organisation compte dans ses rangs les Etats-Unis, la Russie ou encore des pays comme le Mexique, le Japon ou l'Indonésie.
Pour avoir un ordre d'idée, cela représente près d'un tiers de la population mondiale et plus de la moitié de la richesse mondiale.
Ce sommet, c'était surtout l'occasion pour son pays hôte de s'affirmer en tant que grande puissance mondiale, un message à l'intention de ses invités; selon la Banque Mondiale, le PIB chinois (la richesse du pays donc) pourrait même dépasser celle des Etats-Unis dès…2014 !
Pour cela, le président Xi Jinping a mis les petits plats dans les grands avec cet évènement, indéniablement le plus important depuis les JO de 2008. La plupart des habitants de la capitale et notamment les fonctionnaires ont été invités à rester chez eux pendant ces 4 jours -comme me le confirmait une amie chinoise ce matin- afin de désengorger une ville de 11,5 millions d'habitants avec une pollution de l'air qui atteint des records: on aura même pu pour une fois apercevoir un ciel bleu à cette occasion !
Des mesures importantes
Forte de ses 7% de croissance annuel, la Chine était donc en position de force avant ce sommet.
Un accord symbolique mais non moins significatif a été pris avec les Etats-Unis sur la question du réchauffement climatique; les deux pays qui émettent 45% de la totalité des émissions de CO2 se sont engagés à les réduire avec des objectifs chiffrés, on parle d'horizon 2030 pour la Chine. Cet accord est une première en la matière et un signe très encourageant en vue de la conférence sur le climat qui se tiendra en 2015 à Paris.
Dans la feuille de route du sommet est également envisagée la création d'une zone de libre échange pour l'Asie Pacifique (FTAAP) afin d'encourager la coopération entre les pays même si ce n'est pas forcément du goût de Barack Obama qui était venu défendre son programme de libre-échange, le TIPP.
On a également assisté à un "tournant" dans les relations entre la Chine et le Japon avec la première rencontre entre Xi Jinping et le premier ministre nippon Shinzo Abe: une image symbolique tant les deux pays connaissent des difficultés diplomatiques notamment liées à un conflit de souveraineté sur des îles situées dans le pacifique et à une histoire difficile.
Chine, des symboles
Outre ce sommet, plusieurs exemples récents sont venus confirmer la dynamique chinoise.
Tout d'abord, vous avez peut-être entendu parler d'Alibaba, l'équivalent de E-bay en Chine: l'entreprise a réalisé la plus grosse introduction en bourse de l'histoire au mois d'octobre et ne cesse de déplacer les frontières du e-commerce. Cette semaine pour la "journée des célibataires" en Chine, le groupe a réalisé 9,3 milliards de dollars de ventes en…une journée ! Un record absolu bien loin devant l'emblématique "Black Friday" aux Etats-Unis et ses 2,3 milliards de dollars de ventes l'année dernière.
Ensuite dans un autre domaine, après avoir inauguré des appareils militaires, la Chine va se lancer dans le civil. Le constructeur COMAC détenu par l'Etat envisage ainsi tout simplement de concurrencer l'A350, le dernier long courrier de chez Airbus en lançant un avion qui sera opérationnel en 2021 pour une commercialisation à partir de 2023 et qui sera construit en coopération avec une société russe.
Et c'est dès lors cette impression que rien ne peut et ne pourra arrêter la Chine qui prédomine !
Le Time (voir ci-dessous) ne s'est d'ailleurs pas trompé et a consacré sa dernière une à Xi Jinping, "un président qui veut propulser sa nation en haut de l'ordre mondial".
Le "géant qui sommeille" pourrait bientôt se réveiller, très bientôt !
Le président chinois Xi Jinping (milieu) était l'hôte de Barack Obama (gauche) et Vladimir Poutine (droite) |
Une rencontre grandiose
Le sommet de l'APEC (coopération économique pour l'Asie pacifique) s'est tenu cette semaine à Pékin réunissant ses 21 pays membres. Si la Chine était bien sûr présente, l'organisation compte dans ses rangs les Etats-Unis, la Russie ou encore des pays comme le Mexique, le Japon ou l'Indonésie.
Pour avoir un ordre d'idée, cela représente près d'un tiers de la population mondiale et plus de la moitié de la richesse mondiale.
Ce sommet, c'était surtout l'occasion pour son pays hôte de s'affirmer en tant que grande puissance mondiale, un message à l'intention de ses invités; selon la Banque Mondiale, le PIB chinois (la richesse du pays donc) pourrait même dépasser celle des Etats-Unis dès…2014 !
Pour cela, le président Xi Jinping a mis les petits plats dans les grands avec cet évènement, indéniablement le plus important depuis les JO de 2008. La plupart des habitants de la capitale et notamment les fonctionnaires ont été invités à rester chez eux pendant ces 4 jours -comme me le confirmait une amie chinoise ce matin- afin de désengorger une ville de 11,5 millions d'habitants avec une pollution de l'air qui atteint des records: on aura même pu pour une fois apercevoir un ciel bleu à cette occasion !
Des mesures importantes
Forte de ses 7% de croissance annuel, la Chine était donc en position de force avant ce sommet.
Un accord symbolique mais non moins significatif a été pris avec les Etats-Unis sur la question du réchauffement climatique; les deux pays qui émettent 45% de la totalité des émissions de CO2 se sont engagés à les réduire avec des objectifs chiffrés, on parle d'horizon 2030 pour la Chine. Cet accord est une première en la matière et un signe très encourageant en vue de la conférence sur le climat qui se tiendra en 2015 à Paris.
Dans la feuille de route du sommet est également envisagée la création d'une zone de libre échange pour l'Asie Pacifique (FTAAP) afin d'encourager la coopération entre les pays même si ce n'est pas forcément du goût de Barack Obama qui était venu défendre son programme de libre-échange, le TIPP.
On a également assisté à un "tournant" dans les relations entre la Chine et le Japon avec la première rencontre entre Xi Jinping et le premier ministre nippon Shinzo Abe: une image symbolique tant les deux pays connaissent des difficultés diplomatiques notamment liées à un conflit de souveraineté sur des îles situées dans le pacifique et à une histoire difficile.
Chine, des symboles
Outre ce sommet, plusieurs exemples récents sont venus confirmer la dynamique chinoise.
Tout d'abord, vous avez peut-être entendu parler d'Alibaba, l'équivalent de E-bay en Chine: l'entreprise a réalisé la plus grosse introduction en bourse de l'histoire au mois d'octobre et ne cesse de déplacer les frontières du e-commerce. Cette semaine pour la "journée des célibataires" en Chine, le groupe a réalisé 9,3 milliards de dollars de ventes en…une journée ! Un record absolu bien loin devant l'emblématique "Black Friday" aux Etats-Unis et ses 2,3 milliards de dollars de ventes l'année dernière.
Ensuite dans un autre domaine, après avoir inauguré des appareils militaires, la Chine va se lancer dans le civil. Le constructeur COMAC détenu par l'Etat envisage ainsi tout simplement de concurrencer l'A350, le dernier long courrier de chez Airbus en lançant un avion qui sera opérationnel en 2021 pour une commercialisation à partir de 2023 et qui sera construit en coopération avec une société russe.
Et c'est dès lors cette impression que rien ne peut et ne pourra arrêter la Chine qui prédomine !
Le Time (voir ci-dessous) ne s'est d'ailleurs pas trompé et a consacré sa dernière une à Xi Jinping, "un président qui veut propulser sa nation en haut de l'ordre mondial".
Le "géant qui sommeille" pourrait bientôt se réveiller, très bientôt !
samedi 8 novembre 2014
Evasion fiscale, l'affaire de trop ? #8
L'affaire de la semaine concerne une enquête menée par un consortium de journalistes d'investigation américains (ICJ) associé de quelques dizaines de médias étrangers: elle met en évidence une machine d'optimisation fiscale au Luxembourg. Une affaire qui pourrait avoir des conséquences importantes.
C'est en milieu de semaine qu'a émergé dans la presse l'existence de ce rapport qui met à mal le Luxembourg et son administration. En cause ? La pratique de "Tax Ruling" ou agrément fiscal: il s'agit d'une procédure permettant à des entreprises d'obtenir des allégement fiscaux selon certaines conditions quand elles veulent s'implanter dans un pays.
Concrètement, un grand groupe qui souhaite s'installer au Luxembourg aimerait savoir combien il serait taxé si il centralisait ses profits dans le pays; un cabinet d'audit réalise donc pour le compte de cette entreprise une étude approfondie pour envisager des solutions d'optimisation, le but étant de payer le moins d'impôts possible bien sûr. Ensuite, ce cabinet soumet ces solutions à l'administration fiscale du pays qui les valide ou non.
Il est important de préciser qu'il s'agit d'une pratique conforme au droit et donc légale même si éthiquement discutable notamment vis-vis des autres pays européens.
Une affaire d'envergure
Evidemmenent, personne n'a découvert cette semaine l'existence d'un système d'optimisation au Luxembourg mais cette étude montre tout de même 28.000 pages d'accords fiscaux secrets entre le gouvernement et des firmes multinationales parmi lesquelles Apple, Amazon, Pepsi, Ikea mais aussi des sociétés françaises (BNP, Crédit Agricole)...
En tout, 340 entreprises seraient concernées pour des accords passés entre 2002 et 2010 et plusieurs milliards d'euros économisés. Une vraie machine industrielle.
Des répercussions importantes en Europe
Hasard ou pas, le premier ministre luxembourgeois de l'époque se trouve être le nouveau président de la commission européenne, investi la semaine dernière dans ses fonctions: Jean-Claude Junker.
Ce dernier a dirigé le pays de 1995 à 2013 et se retrouve fortement affaibli: une affaire embarrassante dans laquelle il pourrait être directement mis en cause et donc une bombe à retardement pour l'Union Européenne et cette nouvelle commission de la "dernière chance".
Seulement, on peut se demander si cette affaire ne sera pas la première détonation d'une série d'explosions: en effet, on sait que d'autres pays en Europe sont concernés par des systèmes d'optimisation fiscale à la limite de la légalité.
Les Pays-Bas pourraient dès lors être visés comme l'a montré cet excellent dossier publié dans les échos cette semaine. Coïncidence ? Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem récemment élu se trouve être...néerlandais !
Plus largement, on peut considérer que la France fait également de l'optimisation fiscale via la Crédit d'Impôt Recherche (CIR) qui subventionne des activités dans la R&D. Si ce terme a une connotation plutôt péjorative, il concerne la plupart des pays dans le but de rendre leur territoire plus attractif.
Une nécessité d'avancer
Cette affaire pourrait donc s'avérer très dangereuse pour l'ensemble de l'Europe et son équilibre: elle met en exergue la nécessite de mettre en place un système de transparence et d'harmonisation fiscale en Europe. Ce processus pourrait être accéléré par de telles révélations avec une prise de conscience collective: la fin du secret bancaire en Europe mais également dans le monde avec l'accord d'un pays comme la Suisse est en ce sens encourageant !
Jean-Claude Junker, à peine élu et fragilisé |
C'est en milieu de semaine qu'a émergé dans la presse l'existence de ce rapport qui met à mal le Luxembourg et son administration. En cause ? La pratique de "Tax Ruling" ou agrément fiscal: il s'agit d'une procédure permettant à des entreprises d'obtenir des allégement fiscaux selon certaines conditions quand elles veulent s'implanter dans un pays.
Concrètement, un grand groupe qui souhaite s'installer au Luxembourg aimerait savoir combien il serait taxé si il centralisait ses profits dans le pays; un cabinet d'audit réalise donc pour le compte de cette entreprise une étude approfondie pour envisager des solutions d'optimisation, le but étant de payer le moins d'impôts possible bien sûr. Ensuite, ce cabinet soumet ces solutions à l'administration fiscale du pays qui les valide ou non.
Il est important de préciser qu'il s'agit d'une pratique conforme au droit et donc légale même si éthiquement discutable notamment vis-vis des autres pays européens.
Une affaire d'envergure
Evidemmenent, personne n'a découvert cette semaine l'existence d'un système d'optimisation au Luxembourg mais cette étude montre tout de même 28.000 pages d'accords fiscaux secrets entre le gouvernement et des firmes multinationales parmi lesquelles Apple, Amazon, Pepsi, Ikea mais aussi des sociétés françaises (BNP, Crédit Agricole)...
En tout, 340 entreprises seraient concernées pour des accords passés entre 2002 et 2010 et plusieurs milliards d'euros économisés. Une vraie machine industrielle.
Des répercussions importantes en Europe
Hasard ou pas, le premier ministre luxembourgeois de l'époque se trouve être le nouveau président de la commission européenne, investi la semaine dernière dans ses fonctions: Jean-Claude Junker.
Ce dernier a dirigé le pays de 1995 à 2013 et se retrouve fortement affaibli: une affaire embarrassante dans laquelle il pourrait être directement mis en cause et donc une bombe à retardement pour l'Union Européenne et cette nouvelle commission de la "dernière chance".
Seulement, on peut se demander si cette affaire ne sera pas la première détonation d'une série d'explosions: en effet, on sait que d'autres pays en Europe sont concernés par des systèmes d'optimisation fiscale à la limite de la légalité.
Les Pays-Bas pourraient dès lors être visés comme l'a montré cet excellent dossier publié dans les échos cette semaine. Coïncidence ? Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem récemment élu se trouve être...néerlandais !
Plus largement, on peut considérer que la France fait également de l'optimisation fiscale via la Crédit d'Impôt Recherche (CIR) qui subventionne des activités dans la R&D. Si ce terme a une connotation plutôt péjorative, il concerne la plupart des pays dans le but de rendre leur territoire plus attractif.
Une nécessité d'avancer
Cette affaire pourrait donc s'avérer très dangereuse pour l'ensemble de l'Europe et son équilibre: elle met en exergue la nécessite de mettre en place un système de transparence et d'harmonisation fiscale en Europe. Ce processus pourrait être accéléré par de telles révélations avec une prise de conscience collective: la fin du secret bancaire en Europe mais également dans le monde avec l'accord d'un pays comme la Suisse est en ce sens encourageant !
dimanche 2 novembre 2014
Et si le transport du futur était... l'Autocar ? #7
Emmanuel Macron, ministre de l'économie, a présenté les grands traits de son projet de loi pour la croissance; on attendait des mesures emblématiques, des réformes importantes: une des principales annonces concerne pourtant le transport en... autocar: décryptage !
Le saviez-vous ? Le transport en autocar est sous-utilisé en France: avec quelques 100.000 passagers par an, nous sommes bien loin de l'Allemagne ou encore du Royaume-Uni ou 30 millions de britanniques utilisent ce mode de transport chaque année !
En effet, la législation française en la matière est très restrictive et c'est à elle que le ministre français de l'économie compte bien s'attaquer.
Si l'on laisse de côté les lignes de transport urbaines, rurales, scolaires ou encore l'utilisation de ce mode de transport pour des voyages occasionnels (sortie scolaire...), il est aujourd'hui presque impossible de faire rouler un autocar en France sur des trajets de longue distance.
Une directive Européenne comme point de départ
Une loi décidée au niveau européen en 2011 est venue apporter un peu de souplesse en autorisant les voyageurs à prendre le car entre deux villes françaises...si la destination finale se trouve à l'étranger.
Vous ne pouvez pas par exemple réaliser un trajet Paris-Lyon en autobus que si la liaison est en réalité effectuée entre Paris et Turin par exemple. De plus, le nombre de passagers autorisés à bénéficier de cette mesure ne doit pas excéder 50% de la capacité de l'autocar et du chiffre d'affaires réalisé: c'est ce qu'on appelle le "cabotage".
Cette loi adoptée au niveau Européen va donc dans le bon sens mais le marché demeure extrêmement rigide.
L'exemple de l'Allemagne
Une réforme du marché des autocars a été menée en 2013 Outre-Rhin et les résultats sont plutôt probants: le nombre de voyageurs sur les lignes a augmenté de 180% par rapport à 2012 avec 8,2 millions de passagers sur l'année.
On constate que cette libéralisation a permis à une partie de la population peut-être plus modeste de se déplacer dans le pays grâce notamment à une baisse sensible des prix.
Des idées reçues
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les sociétés de car innovent avec désormais des modèles d'autobus modernes (Wifi, tablettes tactiles, confort). Certes ce n'est pas encore le cas sur tous mais le potentiel est là et les compagnies ne vont pas se priver d'un marché français très prometteur.
De plus, l'autocar est et reste le moyen de transport le plus sûr et le moins polluant du fait de réglementations européennes très strictes; en pleine capacité, un autobus remplace près de 30 voitures !
Si l'on a pu être bien surpris quand Emmanuel Macron a annoncé cette mesure, il s'avère que les effets engendrés pourraient être très intéressants.
En terme d'emplois bien sûr avec un marché plus ouvert à la concurrence qui générerait jusqu'à 16.000 nouveaux postes d'ici à 2020 mais également en terme de pouvoir d'achat pour les français qui auraient de nouvelles possibilités de se déplacer avec des tarifs plus attractifs.
Enfin, au même titre que le covoiturage qui ne sera pas directement concurrencé, le développement de ce mode de transport aura un impact moins négatif sur l'environnement tout en encourageant fortement les autres acteurs à se développer: la SNCF pourrait ainsi être la première concernée.
Si l'on n'échangera peut-être pas un voyage Paris-Lyon (2h par TGV), certaines liaisons plus vétustes pourraient être menacées.
On comprend bien que à partir d'une simple décision retranscrite dans le droit par une loi, des effets jusqu'à alors insoupçonnés pourraient intervenir. On parle bien de simplification et la piste mérite d'être étudiée.
Le saviez-vous ? Le transport en autocar est sous-utilisé en France: avec quelques 100.000 passagers par an, nous sommes bien loin de l'Allemagne ou encore du Royaume-Uni ou 30 millions de britanniques utilisent ce mode de transport chaque année !
En effet, la législation française en la matière est très restrictive et c'est à elle que le ministre français de l'économie compte bien s'attaquer.
Si l'on laisse de côté les lignes de transport urbaines, rurales, scolaires ou encore l'utilisation de ce mode de transport pour des voyages occasionnels (sortie scolaire...), il est aujourd'hui presque impossible de faire rouler un autocar en France sur des trajets de longue distance.
Une directive Européenne comme point de départ
Une loi décidée au niveau européen en 2011 est venue apporter un peu de souplesse en autorisant les voyageurs à prendre le car entre deux villes françaises...si la destination finale se trouve à l'étranger.
Vous ne pouvez pas par exemple réaliser un trajet Paris-Lyon en autobus que si la liaison est en réalité effectuée entre Paris et Turin par exemple. De plus, le nombre de passagers autorisés à bénéficier de cette mesure ne doit pas excéder 50% de la capacité de l'autocar et du chiffre d'affaires réalisé: c'est ce qu'on appelle le "cabotage".
Cette loi adoptée au niveau Européen va donc dans le bon sens mais le marché demeure extrêmement rigide.
L'exemple de l'Allemagne
Une réforme du marché des autocars a été menée en 2013 Outre-Rhin et les résultats sont plutôt probants: le nombre de voyageurs sur les lignes a augmenté de 180% par rapport à 2012 avec 8,2 millions de passagers sur l'année.
On constate que cette libéralisation a permis à une partie de la population peut-être plus modeste de se déplacer dans le pays grâce notamment à une baisse sensible des prix.
Des idées reçues
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les sociétés de car innovent avec désormais des modèles d'autobus modernes (Wifi, tablettes tactiles, confort). Certes ce n'est pas encore le cas sur tous mais le potentiel est là et les compagnies ne vont pas se priver d'un marché français très prometteur.
De plus, l'autocar est et reste le moyen de transport le plus sûr et le moins polluant du fait de réglementations européennes très strictes; en pleine capacité, un autobus remplace près de 30 voitures !
Si l'on a pu être bien surpris quand Emmanuel Macron a annoncé cette mesure, il s'avère que les effets engendrés pourraient être très intéressants.
En terme d'emplois bien sûr avec un marché plus ouvert à la concurrence qui générerait jusqu'à 16.000 nouveaux postes d'ici à 2020 mais également en terme de pouvoir d'achat pour les français qui auraient de nouvelles possibilités de se déplacer avec des tarifs plus attractifs.
Enfin, au même titre que le covoiturage qui ne sera pas directement concurrencé, le développement de ce mode de transport aura un impact moins négatif sur l'environnement tout en encourageant fortement les autres acteurs à se développer: la SNCF pourrait ainsi être la première concernée.
Si l'on n'échangera peut-être pas un voyage Paris-Lyon (2h par TGV), certaines liaisons plus vétustes pourraient être menacées.
On comprend bien que à partir d'une simple décision retranscrite dans le droit par une loi, des effets jusqu'à alors insoupçonnés pourraient intervenir. On parle bien de simplification et la piste mérite d'être étudiée.
vendredi 31 octobre 2014
Et si le chocolat...disparaissait ? #6
Quel plaisir de déguster son carreau de chocolat avec un bon café ! Que vous soyez adepte ou pas de cette pratique, que vous préfériez le moelleux au chocolat, il va peut-être falloir revoir vos habitudes.
Je commencerai par deux informations issues d'un excellent article publié par les Echos cette semaine et qui permettront de bien se plaçer dans le contexte:
- D'ici à 2020, la demande de Cacao excèdera de 1 million de tonnes la production mondiale
- La consommation agroalimentaire va doubler d'ici 2050
Dès lors, on comprend bien quels sont les enjeux: d'un côté la population mondiale et les besoins qui vont augmenter de manière exponentielle et de l'autre, la production et notamment agricole qui ne pourra augmenter au même rythme.
Une situation compliquée pour les producteurs
Si l'on commence à se soucier du sort des producteurs de cacao, ce n'est pas un hasard: voilà plusieurs années que la consommation est supérieure à la production ce qui commence à inquiéter certains grands groupes industriels dont le business repose sur la culture de ces fèves.
On estime qu'il a 5 à 6 millions de producteurs de cacao dans le monde et entre 40 et 50 millions de personnes qui en dépendent pour pouvoir vivre.
Seulement, même les producteurs n'arrivent pas à dégager des revenus de leur production: par comparaison, un hectare de cacaoyers rapporte 1.525€ par an contre 5.800€ pour les arbres en caoutchouc par exemple.
Les enjeux humains sont également importants puisque énormément d'enfants travaillent dans ces cultures, dans des conditions très difficiles.
Y aura-t-il un salut pour le cacao ?
Les grands groupes commencent à se saisir du problème et les consommateurs finaux deviennent mieux informés. Si il y aura besoin d'investir beaucoup pour pouvoir pérenniser la culture de cacao, il n'est cependant pas envisageable de faire correspondre production et demande: ce serait à un prix très élevé avec des dégâts environnementaux qui déjà à ce jour sont importants.
Cela nécessiterait de planter par exemple une quantité astronomique d'arbres ou encore de moderniser les techniques de culture actuelles ce qui serait une bien meilleure idée.
Cette problématique de la culture du cacao pourrait être mise en perspective avec d'autres thématiques comme la production agricole qui devra elle augmenter de 70% d'ici à 2050 mais aussi avec l'écologie et le développement durable: saviez-vous que depuis le 19 Août 2014, l'humanité vit en quelque sorte à crédit puisque elle a consommé toutes les ressources naturelles que la planète pouvait produire ?
Et pour l'humanité ?
D'une certaine manière, cet exemple du cacao nous concerne tous et fait surgir des questions bien plus importantes, de l'exploitation d'hommes et de femmes (et notamment en Afrique puisque la Côte d'Ivoire et le Ghana sont les deux plus gros producteurs de Cacao), à la croissance de la population (11 milliards en 2100 contre 7,2 milliards aujourd'hui) et son impact en terme de consommation dans un monde déjà miné par les inégalités: à titre d'exemple, 750 millions de personnes n'auraient pas accès à de l'eau potable selon l'Unicef: impressionnant.
Cela doit aussi nous faire réfléchir sur la façon dont nous pourrions consommer mieux, plus intelligemment et également sur la manière dont nous allons aborder ces enjeux; pas seulement pour s'assurer que notre entreprise pourra toujours se fournir en graines de cacao et ainsi continuer son business ou que nous pourrons toujours déguster notre chocolat noir fondant mais bien parce que il s'agit de l'avenir de l'humanité.
Je commencerai par deux informations issues d'un excellent article publié par les Echos cette semaine et qui permettront de bien se plaçer dans le contexte:
- D'ici à 2020, la demande de Cacao excèdera de 1 million de tonnes la production mondiale
- La consommation agroalimentaire va doubler d'ici 2050
Dès lors, on comprend bien quels sont les enjeux: d'un côté la population mondiale et les besoins qui vont augmenter de manière exponentielle et de l'autre, la production et notamment agricole qui ne pourra augmenter au même rythme.
Une situation compliquée pour les producteurs
Si l'on commence à se soucier du sort des producteurs de cacao, ce n'est pas un hasard: voilà plusieurs années que la consommation est supérieure à la production ce qui commence à inquiéter certains grands groupes industriels dont le business repose sur la culture de ces fèves.
On estime qu'il a 5 à 6 millions de producteurs de cacao dans le monde et entre 40 et 50 millions de personnes qui en dépendent pour pouvoir vivre.
Seulement, même les producteurs n'arrivent pas à dégager des revenus de leur production: par comparaison, un hectare de cacaoyers rapporte 1.525€ par an contre 5.800€ pour les arbres en caoutchouc par exemple.
Les enjeux humains sont également importants puisque énormément d'enfants travaillent dans ces cultures, dans des conditions très difficiles.
Y aura-t-il un salut pour le cacao ?
Les grands groupes commencent à se saisir du problème et les consommateurs finaux deviennent mieux informés. Si il y aura besoin d'investir beaucoup pour pouvoir pérenniser la culture de cacao, il n'est cependant pas envisageable de faire correspondre production et demande: ce serait à un prix très élevé avec des dégâts environnementaux qui déjà à ce jour sont importants.
Cela nécessiterait de planter par exemple une quantité astronomique d'arbres ou encore de moderniser les techniques de culture actuelles ce qui serait une bien meilleure idée.
Cette problématique de la culture du cacao pourrait être mise en perspective avec d'autres thématiques comme la production agricole qui devra elle augmenter de 70% d'ici à 2050 mais aussi avec l'écologie et le développement durable: saviez-vous que depuis le 19 Août 2014, l'humanité vit en quelque sorte à crédit puisque elle a consommé toutes les ressources naturelles que la planète pouvait produire ?
Et pour l'humanité ?
D'une certaine manière, cet exemple du cacao nous concerne tous et fait surgir des questions bien plus importantes, de l'exploitation d'hommes et de femmes (et notamment en Afrique puisque la Côte d'Ivoire et le Ghana sont les deux plus gros producteurs de Cacao), à la croissance de la population (11 milliards en 2100 contre 7,2 milliards aujourd'hui) et son impact en terme de consommation dans un monde déjà miné par les inégalités: à titre d'exemple, 750 millions de personnes n'auraient pas accès à de l'eau potable selon l'Unicef: impressionnant.
Cela doit aussi nous faire réfléchir sur la façon dont nous pourrions consommer mieux, plus intelligemment et également sur la manière dont nous allons aborder ces enjeux; pas seulement pour s'assurer que notre entreprise pourra toujours se fournir en graines de cacao et ainsi continuer son business ou que nous pourrons toujours déguster notre chocolat noir fondant mais bien parce que il s'agit de l'avenir de l'humanité.
mercredi 29 octobre 2014
Et si l'avenir de la France...nous appartenait ? #5
L'économie française en 2017, la puisse allemande à l'horizon 2030, la domination de la Chine d'ici 2050: faire des projections, aussi irréalistes soient-elles est un exercice très répandu aujourd'hui: rassurant, encourageant, cela occulte pourtant un aspect fondamental
La France louée et décriée
Vous avez peut-être (ou pas) entendu parler de deux études ou articles publiés récemment dans la presse internationale.
Dans la continuité de l'annonce des "mauvais" chiffres allemands du mois d'Août, deux économistes allemands plutôt reconnus ont publié une tribune dans le "Daily Telegraph": leur constat principal ? "Dans 10ans, la France sera la première puissance de l'Europe continentale".
Ils s'appuient notamment sur la démographie française qui va être un atout de poids par rapport à l'Allemagne dont les investissements insuffisants et les inégalités croissantes risquent de précipiter sa chute.
La Halle Freyssinet, déjà un symbole |
Vous avez peut-être (ou pas) entendu parler de deux études ou articles publiés récemment dans la presse internationale.
Dans la continuité de l'annonce des "mauvais" chiffres allemands du mois d'Août, deux économistes allemands plutôt reconnus ont publié une tribune dans le "Daily Telegraph": leur constat principal ? "Dans 10ans, la France sera la première puissance de l'Europe continentale".
Ils s'appuient notamment sur la démographie française qui va être un atout de poids par rapport à l'Allemagne dont les investissements insuffisants et les inégalités croissantes risquent de précipiter sa chute.
De l'autre côté de l'Atlantique, une des grandes personnalités de Wall Street ne partage pas ce constat: David Einhorn a cette semaine vivement critiqué une France "trop fière pour se réformer" avec une chargée appuyée sur des mesures emblématiques comme la taxe à 75% ou les 35 heures.
La France qui finance sa dette de manière presque gratuite avec des taux d'interêts historiquement bas compte tenu de la situation économique est assimilée à la Grèce par le gérant du fond d'investissements américain.
Une France attentiste
Si l'on peut difficilement dire aujourd'hui quelle est la théorie qui se réalisera, il y a sûrement une part de vérité dans chacune d'entre elles.
Mais je veux surtout attirer votre attention sur les dangers de cet exercice: certes d'un côté quelques prévisions peuvent s'avérer utiles pour prendre des décisions comme l'utilisation du taux de croissance ou du taux d'inflation prévisionnels pour construire le budget de l'Etat ce qui lui permettra d'évaluer les rentrées fiscales, le niveau de production...etc
Mais quand cette pratique devient trop importante, le danger est d'oublier que NOUS sommes les acteurs du changement. Qui va décider du sort de la France pour les prochaines années, dans 15 ans, dans 50 ans sinon les français ? N'est pas du bon sens que d'affirmer cela ?
Des symptômes...et une guérison ?
Je voudrais ici attirer l'attention sur un fait qui me parait plutôt grave: la France ne croit plus en elle-même. Denis Payre, vice-président de Nous Citoyens, utilise à juste titre cette formule: "La France est une surdouée qui s'ignore".
Notre pays regorge de talents, d'énergies nouvelles, d'atouts mais nourrit une défiance sans précédent vis-à-vis de la classe politique qui trouve son origine dans le manque de vision et de courage de nos dirigeants, et ce depuis 30 ans !
Les projets audacieux sont laissés dans les tiroirs, le décalage entre les paroles et les actes devient parfois abyssal au point que l'on ne s'intéresse même plus à ce qui se passe dans notre pays.
Difficile de pouvoir se résigner à une telle situation, non ?
Qui n'a pas envie de vivre dans une France qui encourage la prise d'initiative, où chaque réussite est valorisée, encouragée, où l'on a plus peur d'aller de l'avant et de croire en l'avenir, où la complexité n'est plus la norme ?
Qui n'a pas envie de voir se réaliser des projets faisant consensus au nom de l'intérêt général, de voir un gouvernement apporter une vision claire, cohérente avec des objectifs et des moyens pour y arriver ?
Qui n'a pas envie de vivre dans une France qui encourage la prise d'initiative, où chaque réussite est valorisée, encouragée, où l'on a plus peur d'aller de l'avant et de croire en l'avenir, où la complexité n'est plus la norme ?
Qui n'a pas envie de voir se réaliser des projets faisant consensus au nom de l'intérêt général, de voir un gouvernement apporter une vision claire, cohérente avec des objectifs et des moyens pour y arriver ?
Le changement, c'est (vraiment) maintenant
Je suis de ceux qui pensent que le changement viendra aussi de nos territoires, d'initiatives lancées par des citoyens. Non la France n'est pas morte et Xavier Niel PDG d'Illiad (Free) pourrait en être le parfait exemple: cet entrepreneur à succès vient d'inaugurer cette semaine le plus grand incubateur du monde (voir photo) qui accueillera à partir de 2016 plus de 1.000 entreprises dans ses 30.000m2 à Paris.
Tout cela pour un coût de 200 millions d'euros financé...à 90% par Xavier Niel lui même !
Comment ne pas se réjouir d'une telle initiative, comme il y en a beaucoup à tous les niveaux dans notre pays ?
Je concluerai donc en partageant l'optimisme de Xavier Niel: "La France morte ? Il y a peu de pays où il se passe tant de choses".
Croire en la France, c'est croire en chacun d'entre nous: alors allons de l'avant !
dimanche 26 octobre 2014
FNAC, un modèle pour Amazon ? #4
Cette semaine, deux entreprises ont retenu mon attention: l'une est française et spécialisée dans les biens culturels et électroniques, l'autre est américaine et leader mondial du e-commerce.
Amazon, résultats décevants
Le géant américain du e-commerce, considéré comme une des plus grosses entreprises de la planète avec Google, Apple et Facebook a annoncé par la voie de son PDG Jeff Bezos des résultats mitigés pour le troisième semestre 2014.
Malgré des ventes en augmentation de 20% sur ce semestre, ce qui est plutôt notable, Amazon ne gagne plus d'argent: un constat inquiétant qui a fait immédiatement chuter le titre de 10% en bourse !
Les pertes nettes de l'entreprise s'élèvent à 437 millions de dollars au T3: pour faire simple, les coûts sont supérieurs aux recettes: embêtant.
Pire, les prévisions pour la période des fêtes de fin d'année qui est stratégique pour ce type d'entreprise sont très en deçà des attentes et les pertes pourraient s'élever jusqu'à 570 millions pour le dernier trimestre.
Fnac, un rebond inattendu (et bienvenu)
Du côté de la FNAC, on respire mieux: pour la première fois en 4 ans, l'entreprise a vu ses ventes augmenter ce trimestre (+2,2%), boostées par les bons résultats de ses magasins en France (+4,7%).
On est certes loin des 20% de Amazon, d'autant plus que la marge de l'enseigne est toujours en chute même si celle-ci s'est atténuée au 3ème semestre.
Ces chiffres ont un goût de victoire pour la FNAC; depuis des années, le groupe est en délicatesse sur un marché moins porteur avec des concurrents comme Amazon qui rendent la tâche de Alexandre Bompard (PDG du groupe) bien difficile.
Il y a quelques années, ce dernier a entamé une stratégie de diversification avec l'apparition de nouvelles catégories de produits, du petit électroménager à la téléphonie en passant par les cafetières: nouveau positionnement dont l'issue était incertaine mais qui laisse, avec ces chiffres, entrevoir un peu de lumière dans le fameux cadre jaunâtre du logo de la FNAC.
Amazon, Fnac: deux visions opposées
Au delà de ces chiffres qui montrent deux réalités et dynamiques différentes, il est intéressant de s'intéresser aux stratégies de ces deux entreprises en essayant (peut-être) de les rapprocher.
Chez Amazon, on pratique la vente à distance avec des tarifs défiant parfois toute concurrence: l'exemple parfait est la pratique des frais de port gratuits qui menace notamment les libraires: pourquoi se déplacer en magasin quand Amazon vous envoie votre livre chez vous, sous 1 ou 2 jours avec un tarif plus attractif ?
On a bien essayé de contrer cette pratique en interdisant la gratuité des frais de port; qu'à cela ne tienne, l'enseigne américaine les a fait passer à 0,01€: astucieux.
Mais cette course au meilleur prix peut s'avérer dangereuse surtout quand elle entraine des conditions d'emploi très difficiles pour les salariés du groupe, les récits ne manquent pas chez Amazon: un modèle qui touche à sa fin.
A côté de cela, la FNAC a continué dans sa stratégie avec ses points de vente comme atout principal, avec des véritables conseillers au service des clients: une stratégie qui peut paraitre un peu anachronique à l'heure des nouvelles technologies et de l'internet: mais si c'était la bonne ?
En voulant impliquer les salariés et créer une réelle adhésion à la marque, Alexandre Bompard a réussi à faire revenir ses clients plus souvent au magasin.
Un chiffre détonne: 36% du chiffre d'affaires de "laFnac.com" est réalisé par le biais d'un contact physique dans un magasin, contre 4,5% en 2011 !
Et... alors ?
Certes ce ne sont que deux résultats trimestriels mais ils me semble que les enseignements sont très intéressants: au delà de la puissance financière de Amazon, la FNAC est là pour nous rappeler que un acte d'achat est et restera une relation entre deux parties: on aura beau investir dans les systèmes les plus sophistiqués pour obtenir des produits toujours plus vite, de meilleure qualité et moins cher, rien ne remplacera le contact humain seul capable de créer une relation de confiance, d'orienter les choix, rien ne remplacera une entreprise dont le projet implique et valorise l'ensemble des salariés.
Difficile de prédire à quoi ressemblera le commerce de demain mais il risque bien d'être global avec un alliage des deux modèles, c'est en tout cas la conviction du PDG de la FNAC.
Si la FNAC semble dans la bonne voie, Jeff Bezos a lui peut-être vu trop grand pour Amazon en cherchant à se diversifier dans tous les domaines possibles (drones, séries, tablettes) avec parfois des résultats très mitigés comme sur les smartphones (0 part de marché).
En toile de fond, c'est bien la volonté de créer un "grand empire" à l'image d'un groupe comme Google qui oriente cette stratégie depuis quelques années. Mais les résultats ne viennent pas, la rentabilité non plus et les actionnaires s'impatientent. Il faudra pour lui convaincre de la pertinence et de la viabilité de son modèle, le temps lui est compté.
Amazon, résultats décevants
Le géant américain du e-commerce, considéré comme une des plus grosses entreprises de la planète avec Google, Apple et Facebook a annoncé par la voie de son PDG Jeff Bezos des résultats mitigés pour le troisième semestre 2014.
Malgré des ventes en augmentation de 20% sur ce semestre, ce qui est plutôt notable, Amazon ne gagne plus d'argent: un constat inquiétant qui a fait immédiatement chuter le titre de 10% en bourse !
Les pertes nettes de l'entreprise s'élèvent à 437 millions de dollars au T3: pour faire simple, les coûts sont supérieurs aux recettes: embêtant.
Pire, les prévisions pour la période des fêtes de fin d'année qui est stratégique pour ce type d'entreprise sont très en deçà des attentes et les pertes pourraient s'élever jusqu'à 570 millions pour le dernier trimestre.
Fnac, un rebond inattendu (et bienvenu)
Du côté de la FNAC, on respire mieux: pour la première fois en 4 ans, l'entreprise a vu ses ventes augmenter ce trimestre (+2,2%), boostées par les bons résultats de ses magasins en France (+4,7%).
On est certes loin des 20% de Amazon, d'autant plus que la marge de l'enseigne est toujours en chute même si celle-ci s'est atténuée au 3ème semestre.
Ces chiffres ont un goût de victoire pour la FNAC; depuis des années, le groupe est en délicatesse sur un marché moins porteur avec des concurrents comme Amazon qui rendent la tâche de Alexandre Bompard (PDG du groupe) bien difficile.
Il y a quelques années, ce dernier a entamé une stratégie de diversification avec l'apparition de nouvelles catégories de produits, du petit électroménager à la téléphonie en passant par les cafetières: nouveau positionnement dont l'issue était incertaine mais qui laisse, avec ces chiffres, entrevoir un peu de lumière dans le fameux cadre jaunâtre du logo de la FNAC.
Amazon, Fnac: deux visions opposées
Au delà de ces chiffres qui montrent deux réalités et dynamiques différentes, il est intéressant de s'intéresser aux stratégies de ces deux entreprises en essayant (peut-être) de les rapprocher.
Chez Amazon, on pratique la vente à distance avec des tarifs défiant parfois toute concurrence: l'exemple parfait est la pratique des frais de port gratuits qui menace notamment les libraires: pourquoi se déplacer en magasin quand Amazon vous envoie votre livre chez vous, sous 1 ou 2 jours avec un tarif plus attractif ?
On a bien essayé de contrer cette pratique en interdisant la gratuité des frais de port; qu'à cela ne tienne, l'enseigne américaine les a fait passer à 0,01€: astucieux.
Mais cette course au meilleur prix peut s'avérer dangereuse surtout quand elle entraine des conditions d'emploi très difficiles pour les salariés du groupe, les récits ne manquent pas chez Amazon: un modèle qui touche à sa fin.
A côté de cela, la FNAC a continué dans sa stratégie avec ses points de vente comme atout principal, avec des véritables conseillers au service des clients: une stratégie qui peut paraitre un peu anachronique à l'heure des nouvelles technologies et de l'internet: mais si c'était la bonne ?
En voulant impliquer les salariés et créer une réelle adhésion à la marque, Alexandre Bompard a réussi à faire revenir ses clients plus souvent au magasin.
Un chiffre détonne: 36% du chiffre d'affaires de "laFnac.com" est réalisé par le biais d'un contact physique dans un magasin, contre 4,5% en 2011 !
Et... alors ?
Certes ce ne sont que deux résultats trimestriels mais ils me semble que les enseignements sont très intéressants: au delà de la puissance financière de Amazon, la FNAC est là pour nous rappeler que un acte d'achat est et restera une relation entre deux parties: on aura beau investir dans les systèmes les plus sophistiqués pour obtenir des produits toujours plus vite, de meilleure qualité et moins cher, rien ne remplacera le contact humain seul capable de créer une relation de confiance, d'orienter les choix, rien ne remplacera une entreprise dont le projet implique et valorise l'ensemble des salariés.
Difficile de prédire à quoi ressemblera le commerce de demain mais il risque bien d'être global avec un alliage des deux modèles, c'est en tout cas la conviction du PDG de la FNAC.
Si la FNAC semble dans la bonne voie, Jeff Bezos a lui peut-être vu trop grand pour Amazon en cherchant à se diversifier dans tous les domaines possibles (drones, séries, tablettes) avec parfois des résultats très mitigés comme sur les smartphones (0 part de marché).
En toile de fond, c'est bien la volonté de créer un "grand empire" à l'image d'un groupe comme Google qui oriente cette stratégie depuis quelques années. Mais les résultats ne viennent pas, la rentabilité non plus et les actionnaires s'impatientent. Il faudra pour lui convaincre de la pertinence et de la viabilité de son modèle, le temps lui est compté.
vendredi 24 octobre 2014
"Supplément familial de traitement": une petite bombe #3
C'est le sujet qui a fait beaucoup parler cette semaine: le gouvernement compte moduler les allocations familiales en fonction des revenus. L'occasion de mettre en lumière (et peut-être en question) un dispositif accordé aux fonctionnaires: le SFT.
Retour sur la modulation des allocations
La mesure concernant les allocations familiales, et qui devrait être appliquée au 1er Juillet 2015, diviserait par deux leur montant à partir de 6000€ net de revenus par foyer (avec deux enfants) et par quatre à partir de 8000€ net: elle concerne 12% des foyers. Pour un foyer gagnant 6000€ net/mois, le manque à gagner serait de 771€ par an (2 enfants) et jusqu'à 2760€ (4 enfants).
Il ne s'agit pas de défendre une catégorie de la population avec la classe moyenne supérieure en l'occurrence, surtout quand 10,2% de la population active est sans emploi et que environ 8 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté (987€/mois).
Cependant, cette mesure est loin de faire l'unanimité. Si l'exécutif s'en défend, elle semble remettre en cause le principe d'universalité de l'impôt et des prestations sociales, principe fondateur de la République: tout cela pour...800 millions d'euros d'économie.
A côté, le coût annuel des absences pour maladie ordinaire dans la fonction publique territoriale est estimé à...1,2 milliard selon un rapport de la direction générale des collectivités locales.
Un symbole
Cette mesure est donc forte de sens tout en manquant cruellement de vision pour la politique familiale, ce qui marche de mieux dans notre pays, enviée par nos voisins avec une natalité qui est l'une de nos principales forces faut-il le rappeler !
C'est encore une fois la crainte que cette mesure soit la première d'une longue série sans que l'on puisse revenir un jour en arrière: se fera-t-on demain rembourser les médicaments en fonction de nos revenus ? Naitra-t-on désormais "enfant de riches"ou "enfant de pauvres" dans la république française ?
De plus, isoler des mesures pour une catégorie de la population (hausses d'impôts, baisse du quotient familial, baisse des allocations) sans avoir l'impression que cet effort soit partagé par tout le monde et notamment par l'Etat via des réelles réductions de dépenses pourrait avoir des effets collatéraux dangereux: expatriations, baisse de la productivité, contestations...
Peut-on se le permettre ?
Et alors le SFT dans tout ça ?
En creusant la question des allocations familiales, on s'est rendu compte qu'il existait un dispositif complémentaire pour les fonctionnaires: le "supplément familial de traitement" (SFT) qui s'ajoute aux prestations familiales de base perçues par n'importe quel foyer proportionnellement au salaire.
Versé comme un complément du salaire et non comme une prestation, il a un coût de 2,3 milliards par an pour l'Etat. Si l'on suit la logique du gouvernement, il devrait être aussi considéré afin que tout le monde participe aux efforts de réduction des dépenses.
Si la ministre de la fonction publique s'était dans un premier temps déclarée favorable à une "remise à plat du dispositif", Laurence Rossignol qui est secrétaire d'état chargée de la famille a écarté cette hypothèse expliquant que le SFT étant directement calculé sur le salaire ne pouvait pas être assimilé à une allocation.
Une façon de vite refermer un dossier qui aurait pu être difficile à gérer pour le gouvernement.
Pourtant, c'est cette impression d'une mesure (encore une fois) court-termisme sans véritable réflexion, concertation et débat préalables sur ce qu'est la politique familiale, ses enjeux, ses forces qui ressort: il me semble préférable de ne pas commenter l'hypothèse qui voudrait que cette mesure soit une contrepartie pour que la majorité continue d'avancer dans le sens des entreprises en votant certaines mesures.
Dans le même ordre d'idées, le jour de carence -premier jour d'un arrêt maladie non remboursé- dans la fonction publique (contre 3 jours dans le privé) supprimé par le gouvernement Ayrault constitue de part la question de l'absentéisme une bombe à retardement: révélateur d'une France qui s'interdit de se poser certaines questions, d'évoquer certains totems: pour information, ce fameux SFT a été instauré en 1917.
C'est la France du futur, celle du XXIème siècle qu'il s'agit d'imaginer: et il faudra apporter d'autres ingrédients pour ne pas que la bombe explose, avec tous les effets induits.
Retour sur la modulation des allocations
La mesure concernant les allocations familiales, et qui devrait être appliquée au 1er Juillet 2015, diviserait par deux leur montant à partir de 6000€ net de revenus par foyer (avec deux enfants) et par quatre à partir de 8000€ net: elle concerne 12% des foyers. Pour un foyer gagnant 6000€ net/mois, le manque à gagner serait de 771€ par an (2 enfants) et jusqu'à 2760€ (4 enfants).
Il ne s'agit pas de défendre une catégorie de la population avec la classe moyenne supérieure en l'occurrence, surtout quand 10,2% de la population active est sans emploi et que environ 8 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté (987€/mois).
Cependant, cette mesure est loin de faire l'unanimité. Si l'exécutif s'en défend, elle semble remettre en cause le principe d'universalité de l'impôt et des prestations sociales, principe fondateur de la République: tout cela pour...800 millions d'euros d'économie.
A côté, le coût annuel des absences pour maladie ordinaire dans la fonction publique territoriale est estimé à...1,2 milliard selon un rapport de la direction générale des collectivités locales.
Un symbole
Cette mesure est donc forte de sens tout en manquant cruellement de vision pour la politique familiale, ce qui marche de mieux dans notre pays, enviée par nos voisins avec une natalité qui est l'une de nos principales forces faut-il le rappeler !
C'est encore une fois la crainte que cette mesure soit la première d'une longue série sans que l'on puisse revenir un jour en arrière: se fera-t-on demain rembourser les médicaments en fonction de nos revenus ? Naitra-t-on désormais "enfant de riches"ou "enfant de pauvres" dans la république française ?
De plus, isoler des mesures pour une catégorie de la population (hausses d'impôts, baisse du quotient familial, baisse des allocations) sans avoir l'impression que cet effort soit partagé par tout le monde et notamment par l'Etat via des réelles réductions de dépenses pourrait avoir des effets collatéraux dangereux: expatriations, baisse de la productivité, contestations...
Peut-on se le permettre ?
Et alors le SFT dans tout ça ?
En creusant la question des allocations familiales, on s'est rendu compte qu'il existait un dispositif complémentaire pour les fonctionnaires: le "supplément familial de traitement" (SFT) qui s'ajoute aux prestations familiales de base perçues par n'importe quel foyer proportionnellement au salaire.
Versé comme un complément du salaire et non comme une prestation, il a un coût de 2,3 milliards par an pour l'Etat. Si l'on suit la logique du gouvernement, il devrait être aussi considéré afin que tout le monde participe aux efforts de réduction des dépenses.
Si la ministre de la fonction publique s'était dans un premier temps déclarée favorable à une "remise à plat du dispositif", Laurence Rossignol qui est secrétaire d'état chargée de la famille a écarté cette hypothèse expliquant que le SFT étant directement calculé sur le salaire ne pouvait pas être assimilé à une allocation.
Une façon de vite refermer un dossier qui aurait pu être difficile à gérer pour le gouvernement.
Pourtant, c'est cette impression d'une mesure (encore une fois) court-termisme sans véritable réflexion, concertation et débat préalables sur ce qu'est la politique familiale, ses enjeux, ses forces qui ressort: il me semble préférable de ne pas commenter l'hypothèse qui voudrait que cette mesure soit une contrepartie pour que la majorité continue d'avancer dans le sens des entreprises en votant certaines mesures.
Dans le même ordre d'idées, le jour de carence -premier jour d'un arrêt maladie non remboursé- dans la fonction publique (contre 3 jours dans le privé) supprimé par le gouvernement Ayrault constitue de part la question de l'absentéisme une bombe à retardement: révélateur d'une France qui s'interdit de se poser certaines questions, d'évoquer certains totems: pour information, ce fameux SFT a été instauré en 1917.
C'est la France du futur, celle du XXIème siècle qu'il s'agit d'imaginer: et il faudra apporter d'autres ingrédients pour ne pas que la bombe explose, avec tous les effets induits.
mercredi 22 octobre 2014
Ecotaxe: la mort symbolique d'une taxe #2
C'est un des feuilletons de la rentrée, l'Ecotaxe a été suspendue "Sine Die" par la ministre de l'écologie Ségolène Royal le 9 Octobre. Une décision dont les niveaux de lecture peuvent être multiples: décryptage.
De quoi parle-t-on ?
La fameuse "Ecotaxe" trouve son origine dans la "Loi Grenelle de l'environnement" adoptée en 2009 sous le gouvernement Fillon. A l'époque, c'est une mesure qui fait plutôt consensus (votée à la quasi-unanimité) et qui vise à développer des solutions de transport plus propres et plus durables pour une mise en place prévue en 2011.
Après différentes tentatives, cette mesure prend finalement la forme d'une taxe écologique visant les véhicules de plus de 3,5 tonnes.
Il s'agit d'un contrat lié entre l'Etat et la société Ecomouv: on parle alors de PPP (partenariat public-privé) qui permet de choisir une société privée qui sera chargée de la mise en place et de l'exécution du dispositif. En effet, nous avons affaire à un système complexe et coûteux à mettre en place.
De manière générale, ces "Partenariats Public-Privé" sont de plus en plus répandus aujourd'hui car ils présentent notamment l'avantage d'apporter un financement privé quand l'Etat n'a plus forcément les moyens d'apporter son financement.
De la contestation à l'annulation
Ce dispositif de l'Ecotaxe fait l'objet de nombreuses critiques venues autant de la droite que de la gauche notamment à cause d'un contrat jugé trop coûteux ; elle a ensuite été reportée d'années en années.
Mais c'est en 2013 que la contestation se fait de plus en plus importante et visible avec l'émergence du mouvement des "Bonnets Rouges" en Bretagne avec la destruction de nombreux radars et portiques d'Ecotaxe pour un coût de plusieurs millions d'euros.
Au début du mois d'octobre 2014 commence alors une vague de mobilisation des routiers qui menacent de bloquer le pays via un mouvement de grande ampleur:
Ils contestent la dernière version de l'écotaxe désormais connue sous le nom de"Péage de transit poids lourds" qui devait s'appliquer au 1er Janvier 2015.
Arguant un dispositif devenu "incompréhensible", le gouvernement de Manuel Valls décide alors de suspendre l'Ecotaxe, pour de bon.
Conséquences économiques
Bien sûr, une telle décision est lourde de conséquences et notamment économiquement. En effet, il existe une clause dans le contrat qui stipule qu'en cas de rupture, l'Etat devra immédiatement verser 800 millions d'euros à Ecomouv: colossal.
De plus on estime que le manque à gagner résultant de la non-application de cette taxe s'élève à presque 1,5 milliards pour l'Etat: gigantesque quand on sait que le budget de l'Ecologie, en baisse de 5,8% en 2015 s'élève à 6,7 milliards d'euros.
Enfin, l’Agence de financement des infrastructures de transport en France (AFITF) se retrouve de fait privée de 400 millions d'euros pour effectuer des projets d'investissement sur les infrastructures: ennuyant.
De plus, on a peu parlé des 120 salariés d'Ecomouv et des 130 douaniers qui travaillaient jusqu'à présent sur le dossier et qui se retrouvent sans emploi.
Un signal désastreux
La décision de stopper l'ecotaxe relève d'une improvisation politique malheureusement de plus en plus récurrente. Il a fallut une (menace de) manifestation des routiers pour faire plier le gouvernement comme il l'avait déjà fait en accordant par exemple des dérogations à certaines grandes métropoles pour l'encadrement des loyers en Septembre.
La situation est également préoccupante pour l'Ecologie: si les Verts n'ont pas forcément apprécié l'abandon de l'Ecotaxe (c'est un euphémisme), Ségolène Royal a essayé de redresser la barre en évoquant le prélèvement des sociétés d'autoroute, la gratuité de celles-ci le weekend où encore un système de vignettes pour les poids-lourds étrangers.
Si la première piste est envisageable quoique difficilement applicable, la deuxième a été écartée par le premier ministre et la troisième n'est pas compatible avec le droit européen: pas gagné.
Le constat ? L'écologie politisée ne marche pas, l'écologie ne devrait pas être l'affaire d'un parti politique mais l'engagement de toute une société, d'une génération pour préparer le future et être à la hauteur des enjeux; au même titre que l'éducation, la santé et beaucoup d'autres thématiques.
Sans vision il n'y aura pas de salut et l'écologie sera réduite à des compromis entre partis politiques, avec des mesurettes sans ambition: quel gâchis.
Quand on voit que Ségolène Royal se disait jusqu'à 2011 favorable à une Ecotaxe et qu'elle la juge désormais "absurde", on est en droit de se poser des questions.
La parole politique est censée donner des orientations et pas seulement produire des réactions à chaud qui n'ont que le court terme pour objectif et qui seront de toute façon remises en cause une semaine plus tard. Elle permet de créer la confiance, d'impulser une dynamique au delà même du contenu même des mesures, de donner du sens.
Attention, il ne s'agit pas de faire un réquisitoire contre ce gouvernement, le constat pouvant être élargi dans le temps et à d'autres familles politiques mais le feuilleton de l'Ecotaxe me semble assez révélateur du mal français.
Heureusement il y a d'autres signaux plus positifs notamment au niveau européen avec un sommet qui se tient ce jeudi à Bruxelles; l'Europe est le chef de file concernant la transition énergétique et aura un rôle important à jouer pour entrainer les Etats-Unis et la Chine. L'objectif d'ici à 2020 est le fameux 3x20: 20% de baisses d'émissions de CO2, 20% d'énergies renouvelables et 20% d'économies d'énergie. Les objectifs pourraient même être revus à la hausse à l'issu de négociations qui s'annoncent serrées.
Les fameux portiques "Ecotaxe": un symbole |
De quoi parle-t-on ?
La fameuse "Ecotaxe" trouve son origine dans la "Loi Grenelle de l'environnement" adoptée en 2009 sous le gouvernement Fillon. A l'époque, c'est une mesure qui fait plutôt consensus (votée à la quasi-unanimité) et qui vise à développer des solutions de transport plus propres et plus durables pour une mise en place prévue en 2011.
Après différentes tentatives, cette mesure prend finalement la forme d'une taxe écologique visant les véhicules de plus de 3,5 tonnes.
Il s'agit d'un contrat lié entre l'Etat et la société Ecomouv: on parle alors de PPP (partenariat public-privé) qui permet de choisir une société privée qui sera chargée de la mise en place et de l'exécution du dispositif. En effet, nous avons affaire à un système complexe et coûteux à mettre en place.
De manière générale, ces "Partenariats Public-Privé" sont de plus en plus répandus aujourd'hui car ils présentent notamment l'avantage d'apporter un financement privé quand l'Etat n'a plus forcément les moyens d'apporter son financement.
De la contestation à l'annulation
Ce dispositif de l'Ecotaxe fait l'objet de nombreuses critiques venues autant de la droite que de la gauche notamment à cause d'un contrat jugé trop coûteux ; elle a ensuite été reportée d'années en années.
Mais c'est en 2013 que la contestation se fait de plus en plus importante et visible avec l'émergence du mouvement des "Bonnets Rouges" en Bretagne avec la destruction de nombreux radars et portiques d'Ecotaxe pour un coût de plusieurs millions d'euros.
Au début du mois d'octobre 2014 commence alors une vague de mobilisation des routiers qui menacent de bloquer le pays via un mouvement de grande ampleur:
Ils contestent la dernière version de l'écotaxe désormais connue sous le nom de"Péage de transit poids lourds" qui devait s'appliquer au 1er Janvier 2015.
Arguant un dispositif devenu "incompréhensible", le gouvernement de Manuel Valls décide alors de suspendre l'Ecotaxe, pour de bon.
Conséquences économiques
Bien sûr, une telle décision est lourde de conséquences et notamment économiquement. En effet, il existe une clause dans le contrat qui stipule qu'en cas de rupture, l'Etat devra immédiatement verser 800 millions d'euros à Ecomouv: colossal.
De plus on estime que le manque à gagner résultant de la non-application de cette taxe s'élève à presque 1,5 milliards pour l'Etat: gigantesque quand on sait que le budget de l'Ecologie, en baisse de 5,8% en 2015 s'élève à 6,7 milliards d'euros.
Enfin, l’Agence de financement des infrastructures de transport en France (AFITF) se retrouve de fait privée de 400 millions d'euros pour effectuer des projets d'investissement sur les infrastructures: ennuyant.
De plus, on a peu parlé des 120 salariés d'Ecomouv et des 130 douaniers qui travaillaient jusqu'à présent sur le dossier et qui se retrouvent sans emploi.
Un signal désastreux
La décision de stopper l'ecotaxe relève d'une improvisation politique malheureusement de plus en plus récurrente. Il a fallut une (menace de) manifestation des routiers pour faire plier le gouvernement comme il l'avait déjà fait en accordant par exemple des dérogations à certaines grandes métropoles pour l'encadrement des loyers en Septembre.
Plus grave encore, Ségolène Royal entend bien contester les conditions du contrat avec Ecomouv afin de limiter la facture pour l'Etat (800M€): la symbolique est forte, l'Etat français songerait à remettre en cause sa parole, qui plus est sa signature via le contrat signé avec le société dans le cadre du PPP.
Où va-t-on ? Quelle crédibilité pour la parole publique et plus largement pour la parole politique si même l'Etat songe à remettre en cause ses engagements ? Quelle image envoyée à nos partenaires, aux entreprises envisageant d'investir en France ?
Des pistes à l'étude
Dans les pistes actées, l'Etat va augmenter à partir du 1er Janvier 2015 de 2 centimes d'euros par litre la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sur le diesel: une façon de limiter les dégats en ramenant 800 millions d'euros dans les caisses. Une deuxième augmentation du prix de l'essence sera également à prévoir en Avril 2015 dans le cadre de la taxe carbone.
Si ces mesures permettront des rentrées fiscales supplémentaires, elles ne règlent en rien les problèmes.
Un transporteur pourra par exemple "faire son plein en Belgique, traverser toute la France pour arriver en Espagne sans avoir payé la taxe sur le gazole" comme le soulignait la ministre de l'écologie.
Sur un plein de 50 litres, le consommateur paiera 1€ en plus pour l'essence et 2€40 pour le diesel compte tenu de ces deux hausses. Ces augmentations pourraient être compensées par la diminution impressionnante du prix du baril de pétrole qui a chuté de 115 à 85$ en 3 mois !
Dans les pistes actées, l'Etat va augmenter à partir du 1er Janvier 2015 de 2 centimes d'euros par litre la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sur le diesel: une façon de limiter les dégats en ramenant 800 millions d'euros dans les caisses. Une deuxième augmentation du prix de l'essence sera également à prévoir en Avril 2015 dans le cadre de la taxe carbone.
Si ces mesures permettront des rentrées fiscales supplémentaires, elles ne règlent en rien les problèmes.
Un transporteur pourra par exemple "faire son plein en Belgique, traverser toute la France pour arriver en Espagne sans avoir payé la taxe sur le gazole" comme le soulignait la ministre de l'écologie.
L'écologie, variable d'ajustement
La situation est également préoccupante pour l'Ecologie: si les Verts n'ont pas forcément apprécié l'abandon de l'Ecotaxe (c'est un euphémisme), Ségolène Royal a essayé de redresser la barre en évoquant le prélèvement des sociétés d'autoroute, la gratuité de celles-ci le weekend où encore un système de vignettes pour les poids-lourds étrangers.
Si la première piste est envisageable quoique difficilement applicable, la deuxième a été écartée par le premier ministre et la troisième n'est pas compatible avec le droit européen: pas gagné.
Sans vision il n'y aura pas de salut et l'écologie sera réduite à des compromis entre partis politiques, avec des mesurettes sans ambition: quel gâchis.
Quand on voit que Ségolène Royal se disait jusqu'à 2011 favorable à une Ecotaxe et qu'elle la juge désormais "absurde", on est en droit de se poser des questions.
La parole politique est censée donner des orientations et pas seulement produire des réactions à chaud qui n'ont que le court terme pour objectif et qui seront de toute façon remises en cause une semaine plus tard. Elle permet de créer la confiance, d'impulser une dynamique au delà même du contenu même des mesures, de donner du sens.
Attention, il ne s'agit pas de faire un réquisitoire contre ce gouvernement, le constat pouvant être élargi dans le temps et à d'autres familles politiques mais le feuilleton de l'Ecotaxe me semble assez révélateur du mal français.
Des raisons d'espérer
Heureusement il y a d'autres signaux plus positifs notamment au niveau européen avec un sommet qui se tient ce jeudi à Bruxelles; l'Europe est le chef de file concernant la transition énergétique et aura un rôle important à jouer pour entrainer les Etats-Unis et la Chine. L'objectif d'ici à 2020 est le fameux 3x20: 20% de baisses d'émissions de CO2, 20% d'énergies renouvelables et 20% d'économies d'énergie. Les objectifs pourraient même être revus à la hausse à l'issu de négociations qui s'annoncent serrées.
En France, l'écologie est comme beaucoup de sujets trop centrée sur des questions idéologiques et manque de pragmatisme et de courage: l'Ecotaxe en est la preuve: absence de stratégie, Etat fébrile sans vision claire à même de créer un consensus dans la société: le bien triste tableau d'une taxe qui avait tout pour plaire.
dimanche 19 octobre 2014
Artur Avila, Jean Tirole: une France qui gagne, et après ? #1
On n'arrête plus les français en ce début d'année !
Tout a commencé au mois d'Août avec l'attribution de la médaille Fields - sorte d'équivalent du prix Nobel en mathématiques- au franco-brésilien Artur Avila directeur de recherche au CNRS.
Un peu moins mis en lumière, ce prix prestigieux récompense ses travaux "autour des systèmes dynamiques et de l'analyse".
Ensuite, c'est au début du mois d'Octobre qu'a eu lieu la remise du prix Nobel de littérature à Patrick Modiano permettant au passage à la France d'asseoir sa position de championne du monde en ce qui concerne le Nobel de littérature (15 récompenses depuis 1901).
Et enfin, le français Jean Tirole a reçu ce lundi le "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel" plus communément appelé "Prix Nobel d'économie".
Une surprise ? Pas tellement pour les adeptes de l'économie qui connaissent les travaux du chercheur sur les marchés, la régulation et beaucoup d'autres thématiques.
Un profil atypique ? Oui, Jean Tirole qui faisait partie des économistes considérés comme nobélisables depuis longtemps (il a 61 ans) aurait pu construire sa carrière et mener ses recherches aux Etats-Unis, au MIT par exemple où il aurait certainement disposé de moyens plus importants. Mais non, ce dernier a décidé de s'installer à Toulouse à l'appel de son ami Jean-Jacques Laffont avec lequel il a travaillé pendant longtemps: si ce dernier ne nous avait pas quitté en 2004, ce sont sûrement les deux hommes qui auraient, ensemble, reçu ce prix. Un homme simple, humain, accessible.
Quelle réalité derrière ?
Le paradoxe intervient quand l'on place ces trois récompenses dans le contexte français particulièrement agité que nous connaissons particulièrement depuis la rentrée.
Si l'on peut légitiment se réjouir de ces récompenses, peut-on pour autant s'en contenter ?
Si son rapport co-écrit avec Olivier Blanchard en 2003 sur la "protection de l'emploi et les procédures de licenciement" avait été laissé dans un tiroir, Jean Tirole fait l'objet d'une certaine attention depuis une semaine, ses prises de position sur l'économie française, sur le marché du travail étant attentivement écoutées.
Ce dernier a jugé "préoccupant" l'exode des chercheurs, pas seulement en économie notamment vers les Etats-Unis expliquant qu'il cherchait à "endiguer cet exode des cerveaux".
Artur Avila s'est lui aussi exprimé cette semaine dans les Echos avec une formule choc: "Les choses sont en train de dégénérer en France". Le lauréat de la médaille Fields se livre à une analyse sans concession du système français se disant "préoccupé par l'évolution de la recherche".
Le point commun avec Jean Tirole ? Il prône une France plus ouverte qui encourage ses chercheurs à aller voir ce qui se passe à l'étranger, qui encourage les chercheurs étrangers à s'implanter en France comme le prix Nobel d'économie le fait à la TSE de Toulouse.
Au discours qui consiste à se satisfaire de la situation actuelle de la recherche en France, Artur Avila répond: "Si on veut d'autres médailles Fields, il faudra s'en donner les moyens".
Budget stable, professionnels inquiets
Dans le budget 2015 de la France, le ministère de l'Education Nationale et de la Recherche est un des rares a voir sa dotation augmenter. Si cette augmentation est essentiellement répercutée sur l'Education nationale (+2,04%), le budget de la recherche augmente lui aussi légèrement (+0,2%) avec des créations de poste qui serviront à combler les départs à la retraite des chercheurs.
Cependant, c'est clairement la question: "Quelle recherche pour quelles ambitions ?" qui s'impose désormais: c'est en ce sens que de nombreux collectifs ont manifesté ce dimanche à Paris.
Le CNRS dénonce par exemple la suppression de 800 postes de chercheurs depuis 10 ans et le fait que la moitié des 33.000 chercheurs soit désormais des précaires.
Alors oui, ces trois prix sont une excellente nouvelle pour la France mais il s'agit d'être très vigilant avec une profession qui se crispe de plus en plus et des enjeux importants à moyen et long terme.
Bâtir la France du futur, la France de l'excellence ? Oui, mais donnons-nous en les moyens !
Tout a commencé au mois d'Août avec l'attribution de la médaille Fields - sorte d'équivalent du prix Nobel en mathématiques- au franco-brésilien Artur Avila directeur de recherche au CNRS.
Un peu moins mis en lumière, ce prix prestigieux récompense ses travaux "autour des systèmes dynamiques et de l'analyse".
Ensuite, c'est au début du mois d'Octobre qu'a eu lieu la remise du prix Nobel de littérature à Patrick Modiano permettant au passage à la France d'asseoir sa position de championne du monde en ce qui concerne le Nobel de littérature (15 récompenses depuis 1901).
Et enfin, le français Jean Tirole a reçu ce lundi le "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel" plus communément appelé "Prix Nobel d'économie".
Une surprise ? Pas tellement pour les adeptes de l'économie qui connaissent les travaux du chercheur sur les marchés, la régulation et beaucoup d'autres thématiques.
Un profil atypique ? Oui, Jean Tirole qui faisait partie des économistes considérés comme nobélisables depuis longtemps (il a 61 ans) aurait pu construire sa carrière et mener ses recherches aux Etats-Unis, au MIT par exemple où il aurait certainement disposé de moyens plus importants. Mais non, ce dernier a décidé de s'installer à Toulouse à l'appel de son ami Jean-Jacques Laffont avec lequel il a travaillé pendant longtemps: si ce dernier ne nous avait pas quitté en 2004, ce sont sûrement les deux hommes qui auraient, ensemble, reçu ce prix. Un homme simple, humain, accessible.
Quelle réalité derrière ?
Le paradoxe intervient quand l'on place ces trois récompenses dans le contexte français particulièrement agité que nous connaissons particulièrement depuis la rentrée.
Si l'on peut légitiment se réjouir de ces récompenses, peut-on pour autant s'en contenter ?
Si son rapport co-écrit avec Olivier Blanchard en 2003 sur la "protection de l'emploi et les procédures de licenciement" avait été laissé dans un tiroir, Jean Tirole fait l'objet d'une certaine attention depuis une semaine, ses prises de position sur l'économie française, sur le marché du travail étant attentivement écoutées.
Ce dernier a jugé "préoccupant" l'exode des chercheurs, pas seulement en économie notamment vers les Etats-Unis expliquant qu'il cherchait à "endiguer cet exode des cerveaux".
Artur Avila s'est lui aussi exprimé cette semaine dans les Echos avec une formule choc: "Les choses sont en train de dégénérer en France". Le lauréat de la médaille Fields se livre à une analyse sans concession du système français se disant "préoccupé par l'évolution de la recherche".
Le point commun avec Jean Tirole ? Il prône une France plus ouverte qui encourage ses chercheurs à aller voir ce qui se passe à l'étranger, qui encourage les chercheurs étrangers à s'implanter en France comme le prix Nobel d'économie le fait à la TSE de Toulouse.
Au discours qui consiste à se satisfaire de la situation actuelle de la recherche en France, Artur Avila répond: "Si on veut d'autres médailles Fields, il faudra s'en donner les moyens".
Budget stable, professionnels inquiets
Dans le budget 2015 de la France, le ministère de l'Education Nationale et de la Recherche est un des rares a voir sa dotation augmenter. Si cette augmentation est essentiellement répercutée sur l'Education nationale (+2,04%), le budget de la recherche augmente lui aussi légèrement (+0,2%) avec des créations de poste qui serviront à combler les départs à la retraite des chercheurs.
Cependant, c'est clairement la question: "Quelle recherche pour quelles ambitions ?" qui s'impose désormais: c'est en ce sens que de nombreux collectifs ont manifesté ce dimanche à Paris.
Le CNRS dénonce par exemple la suppression de 800 postes de chercheurs depuis 10 ans et le fait que la moitié des 33.000 chercheurs soit désormais des précaires.
Alors oui, ces trois prix sont une excellente nouvelle pour la France mais il s'agit d'être très vigilant avec une profession qui se crispe de plus en plus et des enjeux importants à moyen et long terme.
Bâtir la France du futur, la France de l'excellence ? Oui, mais donnons-nous en les moyens !
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