Dans une intervention très attendue ce jeudi soir à la Maison Blanche, Barack Obama a frappé un grand coup en annonçant une des mesures phares de son deuxième mandat sur le terrain de l'immigration…quelques semaines après une défaite électorale majeure.
Le point de départ
Mais tout d'abord revenons quelques semaines en arrière, plus précisément le 4 Novembre et les premiers résultats des "mid-term elections"; il s'agit des élections de mi-mandat qui interviennent donc deux ans après la réélection de Barack Obama en Novembre 2012.
Cette élection visait à renouveler la totalité de la Chambre des Représentants et un tiers du Sénat qui sont les deux organes du pouvoir législatif. Le bilan est simple: les républicains (opposition) ont conforté leur contrôle sur la Chambre des Représentants avec désormais 243 Représentants sur 435 et remporté le Sénat en passant de 45 à 52 sénateurs (sur 100): une déroute pour les Démocrates et Obama.
Ces résultats sont de nature à compromettre définitivement les deux dernières années de la présidence de Barack Obama qui devient de plus en plus impopulaire malgré des indicateurs macro-économiques plutôt positifs et en amélioration: en effet, le taux de chômage a de nouveau baissé à 5,8% en Octobre et la croissance au troisième trimestre était de 3,5%, au delà des prévisions.
Même si les raisons sont diverses et que le rôle de la banque centrale américaine (FED) est déterminant, ces chiffres sont remarquables et bien au delà des performances des économies européennes.
Et pourtant, les américains ont clairement ici voulu sanctionner leur président ce qui est au passage souvent le cas pour des élections intermédiaires, même en France.
Sa réforme du système de santé (Obamacare), ses prises de position sur les interventions extérieures, le feuilleton du "Shutdown" rendent Barack Obama plutôt impopulaire (39% opinions favorables), les habitants ne ressentent pas les effets des ces améliorations dans leur quotidien.
Outre la classe moyenne, ce sont les populations issues de l'immigration- et dont on connait l'importance aux Etats-Unis- qui sont les plus désengagées, incroyablement déçues que la réforme du système d'immigration qui était une des grandes promesses de Barack Obama n'aie jamais vu le jour.
Barack is back ?
Barack Obama qui ne peut de toute façon pas se représenter en 2016 (ayant déjà réalisé deux mandats à la présidence des Etats-Unis) n'a plus beaucoup de cartouches pour aborder ces deux dernières années compte tenu de cette impopularité et surtout des deux chambres acquises aux Républicains.
Et alors ? Le président a déclaré ce mercredi dans une intervention très attendue qu'il avait l'intention de régulariser entre 4 et 5 millions de clandestins ! Pour rappel, on estime qu'il y a actuellement 11 millions d'immigrants sans papier sur le territoire américain.
Il a précisé qu'il ne s'agit pas de les naturaliser mais de rendre possible et légale leur présence sur le sol américain grâce notamment à des permis de travail temporaires (3 ans) qui pourront être délivrés si la personne est résidente depuis au moins cinq années et suivant d'autres conditions.
Dans son allocution, le président insiste: "Nous sommes et nous serons toujours une nation d'immigrants" en précisant qu'il s'agissait de travailleurs, de voisins dont "les enfants sont dans les mêmes écoles que nos enfants".
Puisque il n'a plus l'appui des chambres qui lui permettraient de passer par une loi votée, Barack Obama compte utiliser des décrets présidentiels ("Executive Order", équivalent de nos ordonnances) qui lui permettent de s'affranchir du processus législatif d'usage.
Bien sûr cette annonce a provoqué un tollé chez les républicains qui l'accusent d'agir "en monarque" en imposant cette mesure par la force.
Cette annonce vise donc à conquérir les millions d'américains issus de l'immigration en leur envoyant un message fort. C'est une manière pour Barack Obama de faire passer une mesure emblématique et ainsi de faciliter l'élection d'un candidat démocrate pour le prochain scrutin présidentiel: Hillary Clinton ou encore le vice-président Joe Biden qui pourraient être candidats apprécieront.
Mais c'est peut-être aussi un piège tendu aux Républicains qui n'ont jamais défini clairement leur position quant aux questions d'immigrations: le président leur donne l'occasion de le faire avec un risque de créer des tensions dans l'opposition.
Une chance pour certains, un cadeau empoisonné pour d'autres: cette réforme a tout pour faire parler d'elle. Une des dernières cordes à l'arc du premier président Afro-Américain des Etats-Unis.
Bravo pour ce nouvel article ; tu nous fais encore voyager, c'est chouette ! Continue, nous te lisons toujours avec intérêt !
RépondreSupprimerMerci Basile ça me fait plaisir !
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