On n'arrête plus les français en ce début d'année !
Tout a commencé au mois d'Août avec l'attribution de la médaille Fields - sorte d'équivalent du prix Nobel en mathématiques- au franco-brésilien Artur Avila directeur de recherche au CNRS.
Un peu moins mis en lumière, ce prix prestigieux récompense ses travaux "autour des systèmes dynamiques et de l'analyse".
Ensuite, c'est au début du mois d'Octobre qu'a eu lieu la remise du prix Nobel de littérature à Patrick Modiano permettant au passage à la France d'asseoir sa position de championne du monde en ce qui concerne le Nobel de littérature (15 récompenses depuis 1901).
Et enfin, le français Jean Tirole a reçu ce lundi le "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel" plus communément appelé "Prix Nobel d'économie".
Une surprise ? Pas tellement pour les adeptes de l'économie qui connaissent les travaux du chercheur sur les marchés, la régulation et beaucoup d'autres thématiques.
Un profil atypique ? Oui, Jean Tirole qui faisait partie des économistes considérés comme nobélisables depuis longtemps (il a 61 ans) aurait pu construire sa carrière et mener ses recherches aux Etats-Unis, au MIT par exemple où il aurait certainement disposé de moyens plus importants. Mais non, ce dernier a décidé de s'installer à Toulouse à l'appel de son ami Jean-Jacques Laffont avec lequel il a travaillé pendant longtemps: si ce dernier ne nous avait pas quitté en 2004, ce sont sûrement les deux hommes qui auraient, ensemble, reçu ce prix. Un homme simple, humain, accessible.
Quelle réalité derrière ?
Le paradoxe intervient quand l'on place ces trois récompenses dans le contexte français particulièrement agité que nous connaissons particulièrement depuis la rentrée.
Si l'on peut légitiment se réjouir de ces récompenses, peut-on pour autant s'en contenter ?
Si son rapport co-écrit avec Olivier Blanchard en 2003 sur la "protection de l'emploi et les procédures de licenciement" avait été laissé dans un tiroir, Jean Tirole fait l'objet d'une certaine attention depuis une semaine, ses prises de position sur l'économie française, sur le marché du travail étant attentivement écoutées.
Ce dernier a jugé "préoccupant" l'exode des chercheurs, pas seulement en économie notamment vers les Etats-Unis expliquant qu'il cherchait à "endiguer cet exode des cerveaux".
Artur Avila s'est lui aussi exprimé cette semaine dans les Echos avec une formule choc: "Les choses sont en train de dégénérer en France". Le lauréat de la médaille Fields se livre à une analyse sans concession du système français se disant "préoccupé par l'évolution de la recherche".
Le point commun avec Jean Tirole ? Il prône une France plus ouverte qui encourage ses chercheurs à aller voir ce qui se passe à l'étranger, qui encourage les chercheurs étrangers à s'implanter en France comme le prix Nobel d'économie le fait à la TSE de Toulouse.
Au discours qui consiste à se satisfaire de la situation actuelle de la recherche en France, Artur Avila répond: "Si on veut d'autres médailles Fields, il faudra s'en donner les moyens".
Budget stable, professionnels inquiets
Dans le budget 2015 de la France, le ministère de l'Education Nationale et de la Recherche est un des rares a voir sa dotation augmenter. Si cette augmentation est essentiellement répercutée sur l'Education nationale (+2,04%), le budget de la recherche augmente lui aussi légèrement (+0,2%) avec des créations de poste qui serviront à combler les départs à la retraite des chercheurs.
Cependant, c'est clairement la question: "Quelle recherche pour quelles ambitions ?" qui s'impose désormais: c'est en ce sens que de nombreux collectifs ont manifesté ce dimanche à Paris.
Le CNRS dénonce par exemple la suppression de 800 postes de chercheurs depuis 10 ans et le fait que la moitié des 33.000 chercheurs soit désormais des précaires.
Alors oui, ces trois prix sont une excellente nouvelle pour la France mais il s'agit d'être très vigilant avec une profession qui se crispe de plus en plus et des enjeux importants à moyen et long terme.
Bâtir la France du futur, la France de l'excellence ? Oui, mais donnons-nous en les moyens !
Tout a commencé au mois d'Août avec l'attribution de la médaille Fields - sorte d'équivalent du prix Nobel en mathématiques- au franco-brésilien Artur Avila directeur de recherche au CNRS.
Un peu moins mis en lumière, ce prix prestigieux récompense ses travaux "autour des systèmes dynamiques et de l'analyse".
Ensuite, c'est au début du mois d'Octobre qu'a eu lieu la remise du prix Nobel de littérature à Patrick Modiano permettant au passage à la France d'asseoir sa position de championne du monde en ce qui concerne le Nobel de littérature (15 récompenses depuis 1901).
Et enfin, le français Jean Tirole a reçu ce lundi le "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel" plus communément appelé "Prix Nobel d'économie".
Une surprise ? Pas tellement pour les adeptes de l'économie qui connaissent les travaux du chercheur sur les marchés, la régulation et beaucoup d'autres thématiques.
Un profil atypique ? Oui, Jean Tirole qui faisait partie des économistes considérés comme nobélisables depuis longtemps (il a 61 ans) aurait pu construire sa carrière et mener ses recherches aux Etats-Unis, au MIT par exemple où il aurait certainement disposé de moyens plus importants. Mais non, ce dernier a décidé de s'installer à Toulouse à l'appel de son ami Jean-Jacques Laffont avec lequel il a travaillé pendant longtemps: si ce dernier ne nous avait pas quitté en 2004, ce sont sûrement les deux hommes qui auraient, ensemble, reçu ce prix. Un homme simple, humain, accessible.
Quelle réalité derrière ?
Le paradoxe intervient quand l'on place ces trois récompenses dans le contexte français particulièrement agité que nous connaissons particulièrement depuis la rentrée.
Si l'on peut légitiment se réjouir de ces récompenses, peut-on pour autant s'en contenter ?
Si son rapport co-écrit avec Olivier Blanchard en 2003 sur la "protection de l'emploi et les procédures de licenciement" avait été laissé dans un tiroir, Jean Tirole fait l'objet d'une certaine attention depuis une semaine, ses prises de position sur l'économie française, sur le marché du travail étant attentivement écoutées.
Ce dernier a jugé "préoccupant" l'exode des chercheurs, pas seulement en économie notamment vers les Etats-Unis expliquant qu'il cherchait à "endiguer cet exode des cerveaux".
Artur Avila s'est lui aussi exprimé cette semaine dans les Echos avec une formule choc: "Les choses sont en train de dégénérer en France". Le lauréat de la médaille Fields se livre à une analyse sans concession du système français se disant "préoccupé par l'évolution de la recherche".
Le point commun avec Jean Tirole ? Il prône une France plus ouverte qui encourage ses chercheurs à aller voir ce qui se passe à l'étranger, qui encourage les chercheurs étrangers à s'implanter en France comme le prix Nobel d'économie le fait à la TSE de Toulouse.
Au discours qui consiste à se satisfaire de la situation actuelle de la recherche en France, Artur Avila répond: "Si on veut d'autres médailles Fields, il faudra s'en donner les moyens".
Budget stable, professionnels inquiets
Dans le budget 2015 de la France, le ministère de l'Education Nationale et de la Recherche est un des rares a voir sa dotation augmenter. Si cette augmentation est essentiellement répercutée sur l'Education nationale (+2,04%), le budget de la recherche augmente lui aussi légèrement (+0,2%) avec des créations de poste qui serviront à combler les départs à la retraite des chercheurs.
Cependant, c'est clairement la question: "Quelle recherche pour quelles ambitions ?" qui s'impose désormais: c'est en ce sens que de nombreux collectifs ont manifesté ce dimanche à Paris.
Le CNRS dénonce par exemple la suppression de 800 postes de chercheurs depuis 10 ans et le fait que la moitié des 33.000 chercheurs soit désormais des précaires.
Alors oui, ces trois prix sont une excellente nouvelle pour la France mais il s'agit d'être très vigilant avec une profession qui se crispe de plus en plus et des enjeux importants à moyen et long terme.
Bâtir la France du futur, la France de l'excellence ? Oui, mais donnons-nous en les moyens !
Pour bâtir la France de l'excellence, le niveau de la politique de la recherche n'est pas le seul sur lequel on peut agir. Il n'est même pas certain que ce soit le premier.
RépondreSupprimerLe premier, ce serait peut-être d'apprendre aux enseignants de primaire à repérer et accompagner les hauts potentiels, plutôt que de les écarter en raison de leur non-conformisme, de les dégouter par des journées atones et sans projet, et de les laisser s'enfermer sur eux-mêmes faute d'adulte cohérents capables d'entrer en relation avec eux.
Le problème, c'est que l'Education nationale compte peu d'enseignants capables de cet accompagnement, précisément parce que la sclérose de l'école fait fuir les hauts potentiels.
Pas simple, tout ça...