Quel est le point commun entre la réflexion sur la pauvreté dans le monde, le dérèglement climatique et la situation géopolitique ? Que ce soit au niveau politique ou économique, il me semble que les principaux acteurs oublient aujourd'hui la question primordiale du sens.
"Mais où va-t-on ?"
Cette question, tout un chacun se la pose avant d’entreprendre un projet, de prendre une décision importante, de se lancer dans une nouvelle aventure. L’objectif est ce qui donne sens à nos actions, il permet de transcender celui ou celle qui va les accomplir.
Elle peut sembler bien élémentaire, trop gentille, naïve et enfantine pour que l’on s’y intéresse. Et pourtant. Pourtant elle prend tout son sens aujourd’hui et le monde semble vouloir y échapper, comme si nous devions nous résigner, nous incliner devant les contraintes des temps présents.
Aujourd’hui, la jeunesse voit flou et émet des doutes sur la prospérité du monde qui s’ouvre devant elle. Je dirai de manière cynique, que les seules perspectives qui s’offrent à elle sont la pauvreté (chômage, précarité et inégalités), le dérèglement climatique et une instabilité géopolitique avec une menace terroriste grandissante.
Cette jeunesse ne comprend plus là où on veut l’emmener et a des raisons de s’indigner comme elle l'a montré cette semaine. Mais je pense que les causes profondes se trouvent plutôt dans ce système géré de manière calamiteuse, où nos aînés ont manqué de courage préférant le statut-quo à la construction d'un projet politique ambitieux à plus long terme.
Revenir aux fondamentaux
La réalité est que l’économie se détourne de plus en plus de ce pourquoi elle a été créée : « gérer la maison commune », c’est-à-dire gérer les ressources qui sont à notre disposition. L’économie a été créée pour l’homme et non l’homme pour l’économie !
L’économie est aujourd’hui trop idéologique, les libéraux contre les protecteurs, les riches contre les pauvres, les patrons contre les salariés. Nous nous focalisons trop sur ces clivages en oubliant de bâtir ensemble.
On voit bien que l’absence de projet commun nous mène dans une impasse que ce soit au niveau national, européen ou mondial : les intérêts particuliers se substituant à une coordination entre les acteurs. Cela est clairement apparu par exemple lors de la gestion européenne de la crise des migrants ou encore dans la tentation du protectionnisme incarnée par le phénomène Donald Trump aux Etats-Unis. Tout cela devrait fondamentalement nous alerter.
Comment ou pourquoi ?
La question de fond, avant de débattre sur le comment de la réforme, du changement, de la solution, n’est-elle pas plutôt de s'interroger sur le pourquoi ?
Au lieu de se demander comment le CICE va relancer l’emploi en France, si la BCE doit créditer les comptes bancaires des Européens avec 1300€ pour relancer la croissance, ne devrions-nous pas réfléchir à une vision pour nos sociétés ? Quelle croissance pour demain et comment la partager ? Comment lutter contre les inégalités ? Faut-il mieux avoir un travail mal payé que pointer à Pôle Emploi ? Comment envisager la question de la rentabilité dans nos sociétés ? Quelle protection sociale pour la France quand la nôtre, issue de la guerre correspondait à une situation de plein emploi ? Mais où va-t-on ?
Pensez vous vraiment que ces sujets soient au coeur des débats ?
Nous esquivons en réalité ces questions fondamentales et observons entre autres :
- une classe politique française qui ne cesse de renoncer, qui ne parle plus d’idées et qui essaye déjà de verrouiller les prochaines élections présidentielles.
- une Europe trop élargie qui peine à construire une vision commune, bien loin des valeurs de « dignité humaine, liberté, égalité, solidarité, citoyenneté et justice » énoncées dans la charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne en 2000.
- un système financier qui accumule dans la plus grande indifférence une dette monstrueuse (environ 3 fois la richesse produite) et qui par ailleurs entretient l'illusion d'un monde en bonne santé. Les banques centrales créent par exemple de la croissance artificielle en fabriquant de la monnaie ce qui a pour conséquence de tuer les notions de risque et de temps de l’argent. Comment comprendre en effet que certains Etats puissent s'endetter avec des taux d'intérêts négatifs ? Jusqu'où ira-t-on ?
Quel système adopter ?
Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE |
Il serait aberrant de jeter le bébé avec l’eau du bain en ne faisant que décrier ce système capitaliste qui a permis de sortir beaucoup de personnes de la pauvreté et d’accroitre le développement de pays en difficultés. Mais pourquoi ne pourrait-on pas le remettre en cause, le penser ou participer à son amélioration ?
Quand Angel Gurria déclare que « Les inégalités dans les pays de l’OCDE n’ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons », ne devrions-nous pas bondir de notre chaise ?
Quand nous voyons que chaque année 150 000 jeunes sortent du système scolaire français sans aucune qualification, de quel droit fermons nous les yeux sur cette question cruciale de la formation ?
Quand des milliards d'euros sont injectés dans les circuits financiers mais qu'aucune amélioration sensible n'est visible dans l'économie réelle, comment ne pas penser que le système n'est plus efficient ?
Il est temps de changer d'attitude, d’enlever le mot "résignation" de notre langage et de participer à l’élaboration d’une vision commune, d’un idéal politique qui englobera chacun d’entre nous.
Moi, jeune étudiant entrant dans la vie professionnelle ne peut me satisfaire de ce monde dépourvu d'idéal et pense nécessaire une réflexion autour des fondements de nos sociétés.
Il s’agit de sortir de cette vision manichéenne dans laquelle nous aimons tant nous complaire et de rentrer dans une attitude responsable, réaliste, positive. Le monde est complexe mais l’homme oublie parfois que les bonnes solutions sont souvent les plus simples : remettons l’homme au centre du jeu !
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