Frank Gehry (gauche) et Marc Zuckerberg (droite) en plein discussion, ou communication ? |
Qui n'a jamais entendu parler du paternalisme dans ses cours d'histoire ? Développé dans la seconde moitié du XIXème siècle en France avec des entreprises familiales comment Michelin à Clermont-Ferrand ou Peugeot à Sochaux, ce concept très populaire voyait le patron s'occuper de tous les aspects de la vie des ses salariés, du logement à l'éducation en passant par les loisirs: une révolution pour l'époque.
Un projet "all included"
A la Genèse de cette histoire, on a tout d'abord appris que pour 400 millions de dollars, l'entreprise californienne avait acquis un terrain de 22 hectares qui s'ajoute aux 60 hectares déjà détenus.
C'est sur ce terrain que le fondateur de Facebook aurait décidé de créer une véritable "ville-Facebook", déjà surnommée "Zee-town" aux Etats-Unis.
Ce projet fou estimé à plus de 200 milliards de dollars soit l'équivalent de la capitalisation boursière du groupe- même si les chiffres sont encore approximatifs - serait en marche puisque Marc Zuckerberg aurait déjà fait appel à un des architectes les plus renommés au monde avec Frank Gehry.
Ce projet s'inscrit dans la droite lignée de ce qui se fait déjà en Silicon Valley avec des entreprises comme les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) notamment qui offrent des services de très haute qualité pour le bien-être de leurs salariés, au sein de véritables campus à l'image de celui qui est en train d'être construit par Google à Mountain View.
Dans une ville vraisemblablement ultra-connectée où l'on trouvera hôtels, parcs et supermarchés, les 10.000 salariés de Facebook accompagnés de leur famille seront logés dans des villas (pour les cadres) ou dans des logements plus classiques pour les salariés et stagiaires.
La Silicon Valley, un univers à part
Située sur la baie de San Fransisco, la Silicon Valley est la région emblématique des nouvelles technologies, un écosystème de rêve, un véritable eldorado pour les jeunes entrepreneurs aujourd'hui. Avec une concentration de talents au sein de ces entreprises, on assiste également à une inflation des prix: ainsi, le salaire moyen s'élevait en 2014 à près de 300.000$ par an !
Le marché de l'immobilier a lui aussi vu une augmentation des prix de 50% sur les 5 dernières années: vous devrez compter 1 million de dollars pour acquérir un logement…une pièce comme l'expliquait à BFM Business l'entrepreneur Loïc le Meur confirmant au passage la théorie selon laquelle plus un bien est rare, plus il devient cher.
Outre ce problème existentiel du logement, on compte également 1h30 pour traverser la Silicon Valley qui est en réalité une bande de 30 kilomètres !
En toile de fond: deux thématiques
Facebook et son fondateur veulent par ce projet être les précurseurs de la ville du futur en agissant sur deux leviers: le bien-être au travail et la ville intelligente.
Tout d'abord, le bien-être et le bonheur au travail qui sont des thématiques plus que d'actualité aujourd'hui: qui n'a pas en tête la façon dont Google s'occupe de ses salariés ou encore la manière avec laquelle Laurence Vanhée a instauré la "Happy performance" au sein du ministère Belge de la sécurité sociale avec des résultats impressionnants.
Au delà de tout cela, c'est en réalité une aspiration à redonner du sens à un travail qui est devenu invisible - comme l'explique si bien Pierre-Yves Gomez dans son livre - qui s'exprime: une envie de prendre du plaisir, d'exprimer son talent, de mener à bien des projets que des entreprises comme Facebook et Google ont a coeur d'intégrer, avec un enjeu de productivité sous-jacent.
Ensuite, on a tous entendu parler de la "Smart City", cette ville de demain, intelligente, durable et connectée grâce au numérique qui va permettre de répondre aux enjeux de croissance des populations, de performance énergétique et de qualité de vie. De nombreux voient notamment le jour en France.
"Zee-City", véritable laboratoire ?
Marc Zuckerberg désire donc combiner ces deux aspects en voulant aller plus loin ce qui rend la comparaison avec le système paternaliste assez pertinente. Personne ne s'en cache, l'objectif de ce projet est de vivre Facebook, dormir Facebook, manger et se distraire Facebook et enfin penser Facebook.Au delà de tout cela, c'est en réalité une aspiration à redonner du sens à un travail qui est devenu invisible - comme l'explique si bien Pierre-Yves Gomez dans son livre - qui s'exprime: une envie de prendre du plaisir, d'exprimer son talent, de mener à bien des projets que des entreprises comme Facebook et Google ont a coeur d'intégrer, avec un enjeu de productivité sous-jacent.
Ensuite, on a tous entendu parler de la "Smart City", cette ville de demain, intelligente, durable et connectée grâce au numérique qui va permettre de répondre aux enjeux de croissance des populations, de performance énergétique et de qualité de vie. De nombreux voient notamment le jour en France.
"Zee-City", véritable laboratoire ?
Faciliter la vie de ses salariés certes, mais aussi mener une expérimentation à taille humaine de la ville du futur pour la 16ème fortune mondiale: en effet, les réseaux de données de ces villes connectées vont être un enjeu crucial pour des entreprises comme Google ou Facebook: mettre la main sur ces données représente une manne potentielle géante pour ces géants qui pourront utiliser toutes les informations collectées pour offrir des services sur mesure, dans la lignée de ce qui se fait déjà aujourd'hui grâce à internet.
Marc Zuckerberg déteste que l'on s'intéresse à sa vie privée: il ne manque pourtant pas d'ambitions pour ce projet |
Le paradoxe d'un projet sans commune mesure
Cette "Ville-Facebook" revêt un caractère fascinant, c'est indéniable: projet disruptif par excellence, il peut représenter un idéal pour des générations qui baignent dans l'univers des nouvelles technologies, qui ont grandi avec Facebook, Twitter et Apple et & Cie.
Cependant, il s'agit de ne pas être naïf: des entreprises comme Facebook ou Google font figure de "Big Brother" disposant à ce jour d'une quantité d'informations impressionnante sur nous: le risque d'une atteinte à la vie privée, aux droits fondamentaux des personnes est réel et il ne faut pas le négliger. Derrière le mirage, l'hypnose il s'agit de garder une certaine dose de lucidité.
En effet, à quel point Facebook aura-t-il le contrôle sur ses employés avec cette nouvelle ville ? Ne risque-t-on pas d'arriver à un niveau d'aliénation inquiétant, à un point de non retour ? Ce projet marque-t-il la mort définitive du concept de vie privée à l'heure ou il est déjà bien mis à mal ? Doit-on laisser des entreprises comme Facebook ou Google être bien plus puissantes que certains Etats ?
Nous voyons bien que derrière ce projet séduisant surgissent des questions importantes et intéressantes. On peut se demander si ce projet engagé par Marc Zuckerberg n'est pas en train de définitivement marquer une nouvelle ère des relations employeurs employés dans une sorte de paternalisme du XXIème siècle.
En tout cas ce projet et toutes les avancées tant sur le point des conditions de travail que de l'invention des villes de demain qu'il sous-tend sont vraiment passionnants et, comme souvent, l'entrepreneur est au coeur de la transformation de l'éco-système.